À LA TABLE DES AUTONAUTES
MANGE LA ROUTE!
Pourtant, sur l’autoroute, point de paresse, point de nonchalance, la pause est rapide, la halte courte, à peine installé à la table de pique-nique, on pense à repartir.
EN MAI 1982, CAROL DUNLOP ET JULIO CORTAZAR S’ÉLANCÈRENT sur l’autoroute A7, à bord de leur Combi Volkswagen. Endossant la posture d’explorateurs, ils ne portèrent pourtant pas leur attention sur de lointains paysages et des cultures exotiques, mais sur les 65 aires d’autoroutes s’égrenant sur la ligne Paris-Marseille durant un périple d’asphalte ininterrompu d’un mois. Leur mission: écrire un ouvrage qui contiendrait tous les « éléments scientifiques, toutes les descriptions topographiques, climatiques et phénoménologiques sans lesquelles un livre n’aurait pas l’air sérieux
En mai 2019, à la faveur des transhumances du week-end de Pentecôte, nous nous élançons aussi sur la large bande d’asphalte dite « du soleil », inspirés par Dunlop et Cortazar, et en particulier par les entrées de leur journal de bord qui restituent les heures de départ et d’arrivée sur les aires, l’orientation du Combi une fois garé (souvent sud-est) ainsi que la composition exacte du petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner, ces derniers étant préparés à partir des vivres embarquées ou dans la littérature de voyage, nous explorons à notre tour les aires d’autoroute et les étapes qu’elles constituent – plus que des « haltes utilitaires et hygiéniques », plus que des lieux triviaux de remplissage et d’évacuation d’êtres humains ou mécaniques, elles sont des espaces interstitiels qui disent une façon contemporaine de voyager et de se restaurer au long de la route.
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