ACTE II
Septante ans plus tard, les journalistes de l’émission diffusent un avis de recherche concernant Majorana. «Au départ, cela n’a rien à voir avec le physicien, précise le procureur Laviani. L’avis émis concernait un Majorana disparu avec sa fille, probablement un cas de » (procédé utilisé par les mafieux pour faire disparaître un corps, ). Un dénommé Francesco Fasani se manifeste auprès nous montre qu’elle a pris au sérieux le témoignage de Fasani», ajoute le magistrat, qui procède alors à l’audition du témoin. Ce dernier explique avoir émigré au Venezuela en 1955 à la suite d’un conflit avec son père. Peu après son installation comme mécanicien à Valencia, 130 kilomètres à l’ouest de Caracas, Ciro, un ami, lui présente un homme se faisant appeler «Bini», la cinquantaine «mal portée». Un autre ami, Signor Carlo, lui confie quelques semaines plus tard dans la maison d’un troisième ami, l’«ingénieur Nardin», que ce Bini est en réalité un scientifique, «qui a une tête si pleine» que le jeune mécanicien ne peut se l’imaginer. «Cet homme s’appelle Majorana», lui apprend alors le Signor Carlo, qui aurait connu Bini-Majorana en Argentine; ils l’auraient quittée ensemble juste après la chute de Juan Perón en octobre 1945. «Tout concordait dans le témoignage, se souvient Pierfilippo Laviani. Les lieux, les hôtels, les gens évoqués, les événements politiques.» Puis Fasani découvre, entre des papiers couverts de calculs gisant sur le tapis de la voiture de Bini, une carte postale écrite en 1920 par Quirino, un oncle d’Ettore. Une pièce importante, mais la conviction du magistrat va se forger sur une autre carte postale: à l’époque, les émigrés les fabriquaient eux-mêmes. Cette photo que Fasani expédie à ses parents le 12 juin 1955 en est l’exemple. Elle le fige tout sourire aux côtés de Bini, dans l’amitié du moment. Pour l’enquête, les carabiniers du RIS (Recherche et investigation scientifique) ont analysé ce cliché en noir et blanc.
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