The Good Life

Carlos Ghosn

«Ma réussite la plus significative est d’avoir fait passer Renault de constructeur européen à acteur d’envergure mondiale.»

on assure que si un Libanais tombe dans la mer, il en ressort toujours avec un poisson dans la bouche. Et c’est vrai que les dignes descendants des Phéniciens ont un sens inné des affaires, du commerce et de la finance. Au sein de leur impressionnante diaspora, en Afrique ou en Amérique latine, notamment, on ne compte plus les de ces inégalables. L’adversité, les épreuves, depuis 1975, loin de les décourager de poursuivre leur business, semblent même les encourager à faire des affaires. Alors, avec cette grille de lecture levantine, on comprend un peu mieux de quel bois exotique est fait le mystérieux Carlos Ghosn. Né en 1954 à Porto Velho, au Brésil, libanais d’origine – sa famille a émigré au Brésil, où son père a fondé plusieurs petites sociétés dans les domaines agricole et aérien –, il fut l’élève, pendant douze ans, des « bons pères » du collège jésuite Notre-Dame de Jamhour, près de Beyrouth. A la rentrée 2017, le père recteur de cette institution, réputée pour la qualité de l’éducation qu’elle prodigue depuis 1850, rappelait, une fois encore, à ses jeunes gens combien il fallait mesurer la parole, trop sonore, qui doit être d’abord Il ajoutait qu’en cette époque où l’on a si souvent tendance à assimiler les choses au bruit qu’elles font, Peu loquace, voire taciturne, aux dires de ses collaborateurs de Nissan ou de Renault, Carlos Ghosn semble avoir hérité des principes affirme-t-il souvent. Et qu’importe si l’un de ses professeurs se révèle plus observateur que visionnaire en définissant ainsi, à la veille de son bac, le jeune Carlos, 16 ans : Il se risquait à prédire : [surnommée « Ginette », l’une des meilleures prépas de France à l’Ecole polytechnique et à l’Ecole centrale, NDLR] Sa guérilla, une fois sorti de l’X et de l’Ecole des mines, au début des années 70, Carlos Ghosn la mènera, tour à tour, au sein des comités de direction, des réunions souvent tendues avec les syndicats, des comités de surveillance, des conseils d’administration, ou encore des cabinets ministériels de l’industrie, de l’économie et des finances. Recruté chez Michelin – où il restera dix-sept ans (1978-1995) –, il est, dans un premier temps, nommé directeur d’usine. précise-t-il à Difficile, désormais, de suivre ses feux arrière tant sa carrière et son ascension vont être fulgurantes. Aux Etats-Unis, il aura peaufiné son carnet d’adresses lors de brillantes réceptions orchestrées par Rita, sa jeune épouse, libanaise également : il y est devenu notamment l’ami de Jacques Nasser, l’ancien patron de Ford, ou du sénateur américain Richard Riley. Mais Carlos Ghosn sait qu’il ne succédera pas à François Michelin. Certes, celui-ci l’apprécie énormément, mais dynastie oblige, Edouard, le fils du fondateur, est évidemment prioritaire. Recruté, via un chasseur de têtes, par Louis Schweitzer, l’emblématique patron de Renault de l’époque, il est nommé, en 1996, directeur général adjoint de la Régie. Avec, notamment, cette mission : réduire les coûts du groupe de 20 milliards de francs ! Sa réputation de c’est pourtant au Japon, où les relations sont réputées feutrées et consensuelles, qu’il la forgera. En 1999, chez Nissan, proche de la faillite, il impose un traitement de choc : 21 000 salariés licenciés, fermeture d’un site industriel, cessation des relations avec les fournisseurs historiques, mis en concurrence. Dès son arrivée à bord du navire Nissan en perdition, celui qu’on surnomme « Mr. Fix it » déclare : De fait, tout le monde ramera et le groupe arrivera à bon port. En 2002, alors que Nissan, sous sa férule, mais aussi grâce à son management éclairant – tel le fait de redonner plus de pouvoir aux designers, jusque-là relégués dans l’ombre des ingénieurs –, est déjà sorti du rouge, le magazine le désigne puis, l’année suivante, le décrit comme l’un des douze patrons les plus puissants en dehors des Etats-Unis. Il confie à que, s’il a eu depuis le début de sa carrière de nombreuses satisfactions de différentes natures, Et d’évoquer également, entre autres réussites : Enfin d’ajouter, au registre de ses satisfactions professionnelles : Pourtant, si Carlos Ghosn, éternel inquiet et perfectionniste, travaille d’arrache-pied, notamment à bord de son jet transformé en bureau et, grâce aux visioconférences, véritable poste de commandement mobile du groupe, il ne néglige ni sa vie de famille et ses quatre enfants – trois filles et un fils –, avec lesquels il dispute alors des parties effrénées de ping-pong, ni ses moments de détente, assistant par exemple à un match de football – comme celui de la finale, en 2002, de la Coupe du monde, à Yokohama, où, pour son plus grand bonheur, le Brésil triompha de l’Allemagne… Nul n’est prophète dans tous ses pays, et ce Franco-Libano-Brésilien encensé au Japon, admiré à Beyrouth comme à Rio, est souvent critiqué en France. On y reproche principalement à cet homme à la tête de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi – qui compte 450 000 salariés dans le monde et produit 10,6 millions de voitures par an – son niveau de salaire, il est vrai, impressionnant, mais moins mirobolant que celui d’une star du football : plus de 7 millions d’euros en 2017, pactole auquel il convient d’ajouter des stock-options… En début d’année, il a accepté une baisse de 30 % de ses émoluments futurs, à la demande de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, qui en faisait une condition de sa reconduction à la tête de Renault. Il devrait donc percevoir 5,5 millions d’euros environ au titre de 2018. Bon, on reste cependant très loin des quelque 37 millions d’euros de revenus annuels de Neymar, l’attaquant brésilien du PSG… Qui le mérite le plus ? Star du management à sa manière, Carlos Ghosn a choisi d’investir au Liban dans… la vigne. dit-il,

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