Paris La géographie de l’art en pleine mue
La galerie Zwirner représente des artistes comme Jeff Koons, Donald Judd, Dan Flavin, Sigmar Polke, mais au-delà de cette affiche prestigieuse, elle incarne surtout une forme de mondialisation de l’art, avec des satellites dispersés dans le monde, à New York, Londres ou Hong Kong, et une force de frappe impressionnante. « Paris était l’une des dernières exceptions. Peu de mégagaleries s’y étaient installées en dehors de Gagosian, en 2010. Si Zwirner arrive, il y a des chances que d’autres se positionnent dans la foulée. Il se dit déjà que la galerie anglaise White Cube va s’installer dans une showroom gallery du quartier Matignon-Saint-Honoré, que les Zurichois Hauser & Wirth ouvriraient un espace boulevard Saint-Germain », confie Georges-Philippe Vallois, ancien président du Comité professionnel des galeries d’art.
Les mégagaleries s’installent à Paris
La Bourse de commerce peut accueillir jusqu’à 2800 m2 d’espaces d’exposition.
L’arrivée à Paris de ces poids lourds du marché de l’art n’est pas sans lien avec le Brexit. Dans une interview donnée au à l’automne dernier, le galeriste David Zwirner déclarait : Dont acte. Zwirner a investi une galerie de 800 m rue Vieille-du-Temple, dans le Marais, intégrant les espaces occupés autrefois par le marchand Yvon Lambert. confirme Justine Durett, directrice de cette antenne parisienne. Cette effervescence constitue à l’évidenceexplique-t-il. Toutes ces questions se posent à un moment où la vitalité de la scène de l’art contemporain à Paris n’a jamais été aussi forte. Les signes d’une renaissance se multiplient, avec le dynamisme de foires comme la Fiac ou Paris Photo, qui attirent les poids lourds du marché mondial, avec surtout l’ouverture de nouvelles fondations qui modifient le paysage culturel de la capitale. Louis Vuitton a impulsé le mouvement il y a cinq ans en créant un musée sculptural signé Frank Gehry, dans le bois de Boulogne, et en multipliant les expositions événements, comme celle de la collection Chtchoukine en 2017, qui a totalisé 1,2 million de visiteurs. Plus modestement, la créatrice de mode Agnès b. vient d’ouvrir sa propre fondation en janvier. Elle a choisi un bâtiment neuf du 13 arrondissement pour accueillir les œuvres de sa collection – plus de 5 000 –, pour abriter aussi sa galerie – la galerie du Jour, historiquement dans le Marais – et une librairie. Mais ce qui agite le plus le milieu de l’art en ce moment, c’est l’installation, au printemps, de la collection de François Pinault dans l’ancienne Bourse de commerce, au cœur de Paris. Depuis 2017, les travaux de rénovation sont en cours, sous la houlette de Tadao Ando qui a déjà restauré la pointe de la Douane et le palais Grassi, à Venise. L’architecte japonais a dégagé les volumes d’origine de cet édifice surmonté d’une verrière, qui culmine à 35 mètres de haut, et a logé dans l’ancienne rotonde un cylindre de béton de 30 mètres de diamètre et 9 mètres de hauteur, les lieux pouvant désormais accueillir, sur plusieurs niveaux, 2 800 m d’espaces d’exposition. Ronan et Erwan Bouroullec sont à la manœuvre en ce qui concerne la conception du mobilier et Michel Bras prend les rênes d’un restaurant de bistronomie qui sera situé au dernier étage.
