Axel Kahn Chef de file de la lutte contre le cancer
En ce petit matin de décembre 2019, la capitale est engluée dans la grève des transports en commun depuis plusieurs jours déjà. Les Parisiens, obligés de marcher pour aller au boulot, pestent comme jamais. Mais pas Axel Kahn. Comme chaque jour, c’est à pied, d’une foulée déterminée, qu’il a rejoint son bureau du 13e arrondissement. A 75 ans, le nouveau président de la Ligue nationale contre le cancer affiche une forme du tonnerre. Ces dernières années, il a traversé la France en marchant, dans ses deux diagonales, pour s’émerveiller et rencontrer ses compatriotes. Dans le fond, tout cela est très cohérent. Généticien réputé, ancien président d’université, membre de nombre de commissions parlementaires, essayiste, Axel Kahn a toujours eu le goût de la politique depuis ses 20 ans. On l’a même vu battre le pavé et faire campagne dans la seconde circonscription législative parisienne en 2012 pour défendre les couleurs du PS. Fils du philosophe Jean Kahn-Dessertenne, et cadet d’une fratrie de brillants personnages – son frère aîné, Jean-François, est devenu le journaliste patron de presse et essayiste que l’on sait, et Olivier a été un grand chimiste –, il a bien fallu qu’Axel trouve sa voie. La médecine s’est donc d’abord imposée comme un choix parmi les options restantes. Il en plaisante et dit qu’il a « opté pour les sciences semi-molles ». N’empêche qu’une fois embarqué Axel Kahn déploie son solide talent. Il devient chercheur à l’Inserm en biochimie, s’intéresse à la génétique moléculaire, puis aux thérapies géniques. Il dirige des études qui signent des découvertes importantes sur le comportement de certains gènes et de leurs mutations. Mais les humanités – qui ont été le domaine de ce père qui s’est suicidé en lui laissant une missive l’enjoignant à être « raisonnable et humain » – ont toujours constitué une toile de fond chez lui. A travers ses livres et ses prises de parole publiques, il a toujours porté haut la question de l’éthique, s’est élevé contre les risques de dérives du clonage, et a fini par se positionner en faveur de la PMA, ou plus exactement par « ne pas voir de raison de s’y opposer ». Aujourd’hui, Axel Kahn est branché à fond sur l’intelligence artificielle, il sait tout des dernières évolutions de la génétique, et met ce savoir et cette insatiable curiosité au profit de la lutte contre le cancer, sans omettre de distiller tout cela sous forme de leçon, à l’occasion.
The Good Life : La science fait aujourd’hui des prouesses, et pourtant, à partir de 50 ans, les hommes et les femmes tombent comme des mouches, d’une maladie qui s’appelle le cancer. Comment appréhendez-vous cette dichotomie entre une science certes géniale, mais perdante à
