LE PRISME DE LA DÉCORATION
e mot avait presque déserté notre vocabulaire tant il ne trouvait plus sa place dans l’idée de la conception d’un espace aujourd’hui. Peut-être trop associée à son corollaire, le « décoratif » qui avait pris le pas sur la « décoration ». Comme une envie ou » Phrase-clé de l’architecte d’intérieur et journaliste David Netto, extraite de son essai intitulé « Un don pour le passé ». Comme un pavé dans la grande mare de l’architecture d’intérieur, elle convoque l’esprit autant que la fantaisie et réhabilite l’audace dans toutes ses déclinaisons. « Décoration ». Un mot, un seul pour embrasser tout ou presque ce qui s’est pensé en la matière. L’accroche « Les plus beaux intérieurs du siècle », vient couronner l’intention. Tout habillé, de velours gaufré jaune safran ou bleu nuit, l’ouvrage propose le choix de la couverture. Le rythme est métronomi que : une page, un lieu, un décorateur. Bien entendu, il y a les grands noms. Ceux qui ont fait trembler les murs d’un avant-gardisme inégalé de Madeleine Castaing à Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Jacques Adnet, Laura Ashley en passant par Jean-Louis Deniot, Paola Navone, India Mahdavi, Vincent Darré… Mais il y a aussi les intérieurs plus personnels de couturiers, d’artistes, de personnalités du spectacle et autres esprits atypiques. La liste n’est pas exhaustive mais elle attrape dans ses filets des noms comme Pierre Cardin, Pierre Bergé, Gianni Versace, Coco Chanel, Gilbert & Georges ou Pablo Picasso, Yves Klein. Au commencement, une introduction de William Norwich, éditeur de Phaidon et journaliste de mode et de design intérieur. Puis interviennent trois spécialistes de la décoration : Graeme Brooker, directeur du département de design d’intérieur du Royal College of Art de Londres autour d’une approche historique ; David Netto, qui rend compte des grands acteurs de la décoration d’intérieur ; et Carolina Irving, créatrice de textiles et ancienne rédactrice de magazines de décoration, qui interpelle sur la notion de bon goût. S’ensuit une impressionnante, presque intimidante compilation de lieux cultivés. Comment passer le cap de la postérité ? Probablement en choisissant d’écrire son propre style et en y ajoutant le supplément d’esprit et d’âme qui fera toute la différence.
