LEXIQUE LUMINEUX

Cerith Wyn Evans fut cinéaste et vidéaste avant d’étendre sa pratique artistique à l’installation et la sculpture. À Milan, l’espace magistral Pirelli HangarBicocca lui offre la liberté d’exposer toutes les nuances de son vocabulaire créatif, à la . Du matériel à l’immatériel, l’expérience d’une réalité filtrée par la métamorphose de formes lumineuses spatialisées se vit comme une vibration au son syncopé de pulsations codées en Morse. Au jeu de la citation, Cerith Wyn Evans excelle. Dans son érudit bagage de références, il convoque aussi bien l’imaginaire littéraire et artistique foisonnant de Marcel Duchamp que l’irrévérence du plasticien Marcel Broodthaers. Ses suspendus dans les nefs sont autant de fragments du répertoire de mouvements de kimonos, de pas, de gestes d’éventail accomplis par les acteurs du théâtre Nô. La pensée synthétique de l’artiste conceptuel met en évidence le pouvoir évocateur de la lumière en interrogeant les frontières entre le visible et le déplacement furtif que l’œil seul ne saurait retenir. La reconfiguration poétique est au cœur de la recherche de Cerith Wyn Evans. Avec un sens aigu de la mise en scène et une élégance qui sont sa signature, ses signaux sonores et lumineux questionnent les limites de la perception. En empruntant à la littérature, à l’histoire de l’art et au cinéma des éléments de langage, il cueille une réalité autre, ni tout à fait abstraite, ni tout à fait concrète, mais toujours portée par un fil narratif et conceptuel qui emmène au-delà du réel. La polyphonie électrique de ses œuvres immersives et mouvantes convoque aussi bien des pratiques issues du monde artisanal que de la haute technologie. Comme un miracle, apparition et éclipse font partie du voyage.