Le seigneur de Moulins-La-Marche: La vengeance
Par Servane Prunier
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À propos de ce livre électronique
Mais au cours d'un violent orage, Louis, le fidèle complice de Rodolphe, s'évade de prison et finit par rejoindre son maître. A la tête d'une bande de brigands, ils compromettent la sécurité de toute la région, puis se rendent à Paris, seul endroit digne de leurs ambitions.
Le hasard remet Rodolphe en présence de Joseph, astrologue-empoisonneur et grâce à lui, il retrouve René, le fils cadet du seigneur Harold. Il espère ainsi satisfaire sa soif de vengeance et en tirer profit. Mais sur son chemin se dressent Hubert et son ami Foulques, de retour de croisade.
Servane Prunier
L'auteur a signé plusieurs livres d'histoire régionale abondamment illustrés. Ce livre constitue une première tentative de romancer la vie comme elle a pu se dérouler au Moyen-Âge dans le Pays de la Marche.
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Aperçu du livre
Le seigneur de Moulins-La-Marche - Servane Prunier
1.L'orage
A Moulins-la-Marche, depuis plusieurs mois tout était paisible. L'agitation suscitée par le tournoi et les deux mariages qui avaient suivi, était retombée. Aliette et Harold le jeune s'étaient installés au donjon. Certains parlaient de le faire reconstruire en pierres et d'autres, en ces temps de paix, de l'abandonner purement et simplement au profit d'une demeure plus moderne, et surtout plus confortable.
Les anciens marmonnaient dans leur barbe et disaient que la paix n'allait pas durer. Les plus jeunes affirmaient leur foi dans la sagesse du roi Louis IX, qu'on appellera plus tard Saint Louis.
Pourtant, certains se prétendaient bien informés et parlaient d'une nouvelle croisade contre les infidèles. Les anciens hochaient la tête: il avait pourtant été fait prisonnier la dernière fois, cela devrait le faire réfléchir.
A Mahéru, Robert avait pris possession du fief de Falandre avec sa femme Jeanne. Ils habitaient le vieux château, en attendant la construction d'une nouvelle demeure. Non loin de là, à Ricordam, le seigneur de Mahéru, Dame Magdelaine, Charles et Hermine coulaient eux aussi des jours paisibles.
Depuis quelques jours, l'atmosphère était orageuse. Les paysans attendaient avec impatience que la pluie se décide à tomber. Et tout le monde vivaient au ralenti dans la touffeur ambiante. La terre craquelait, les plantes étaient assoiffées. Les animaux domestiques étaient apathiques. Et puis de temps-en-temps, les troupeaux se déplaçaient brusquement sans raison, trompant la vigilance des chiens et des bergers chargés de les garder.
Enfin, il fit presque nuit alors qu'on était au milieu de l'après-midi. Les animaux devinrent plus nerveux, les chiens aboyèrent. Les habitants se dépêchèrent de rentrer chez eux. Bertrande la gardeuse de moutons estima qu'elle n'avait pas le temps de se mettre à l'abri plus loin et se cacha la tête sous son devantier (tablier), son chien blotti contre elle. Les bêtes commencèrent par s'agiter avant de se regrouper frileusement autour de la bergère.
Quelques grosses gouttes commencèrent à tomber puis ce fut le déluge, alors qu'on commença à entendre au loin gronder le tonnerre.
L'orage se rapprocha et la pluie redoubla d'intensité. La foudre tomba sur un vieil arbre creux près du Pare
, mais comme il en avait vu d'autres, il resta debout.
A Moulins-la-Marche, les petites rues du village, qui n'étaient pas du tout pavées ou même seulement empierrées, étaient maintenant un vrai bourbier. La terre trop dure, n'arrivait pas à absorber toute l'eau. Le bourg était sillonné par de multiples petits ruisseaux. A certains endroits, les ruelles en pente étaient impraticables. Même la rue principale pourtant mieux entretenue et récemment empierrée par ordre de dame Aliette, n'était plus qu'un torrent de boue.
Les hommes d'armes chargés de faire le guet, tout comme ceux censés garder la prison, s'étaient mis à l'abri dans l'auberge la plus proche, en ce temps-là, les établissements où on pouvait se restaurer et étancher sa soif étaient fort nombreux.
Le vent se leva et se mit à souffler en fortes rafales, les hommes et les femmes de l'époque étaient dans leur grande majorité superstitieux et se signaient à tour de bras. A genoux, le curé de la paroisse priait pour calmer la colère du ciel, sans même songer à essuyer l'eau qui ruisselait sur son visage. Le toit de son église fuyait, malgré les réparations ordonnées par dame Aliette.
Qu'aurait-il dit s'il avait su que certains paroissiens avaient conservée l'habitude païenne de tremper les nouveau-nés dans les fontaines. Le seul endroit où il admettait la présence de l'eau c'était dans les bénitiers, il n'en buvait pas et se lavait rarement par crainte des maladies,disait-il.
Heureusement, ses paroissiens n'avaient pas un odorat particulièrement délicat.
A la Mellerie où habitaient désormais Harold l'aîné et Blanche, le vieux seigneur grommelait:
– Je n'aime pas cela, c'est comme un avertissement du ciel, comme si le malheur s'annonçait.
Dame Blanche posa une main apaisante sur son bras mais ne dit rien. Le vieil Harold grommela:
– Ma mie, je suis un vieux sot, mais nous sommes trop heureux...
Assis près de la monumentale cheminée de la grande salle, le couple était l'image même du bonheur paisible et ils semblaient avoir oublié les turbulences du passé.
Dame Blanche tenta de le réconforter:
– C'est l'orage qui vous rend nerveux mon ami.
Il protesta, encore un peu bougon:
– Je ne suis pas nerveux, je suis inquiet.
Harold le jeune intervint à son tour:
– Pourtant mon père, habituellement vous n'êtes pas superstitieux! Ce n'est pas la fin du monde et le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, comme le prédisent les vieilles femmes, même Louison dit que Dieu est en colère contre les hommes.
Harold l'ancien regarda sans mot dire le jeune homme, dont l'esprit ne s'embarrassait jamais de complications et soupira. Il conclut pour lui-même par quelques grognements indistincts. Après un énorme soupir qui fit sursauter le chat assoupi devant le foyer, le vieux seigneur conclut:
– Espérons que je me trompe mon fils.
Harold le jeune avec sa stature de géant ne paraissait pas craindre la colère du ciel. Il avait l'esprit bien trop positif pour être sensible à l'atmosphère présente.
Les deux hommes échangèrent un sourire que Dame Blanche surprit et qui lui réchauffa le cœur.
Harold le jeune s'approcha du feu près duquel il faisait sécher une partie de ses vêtements. Il avait été surpris par la pluie, alors qu'il se trouvait non loin de la Mellerie et était donc venu, tout naturellement, s'y réfugier. Harold l'ancien et Dame Blanche étaient toujours contents de le voir.
Toujours émue de voir les deux hommes si bien s'entendre, Dame Blanche les considérait avec un regard un peu attendri. Comme si son époux devinait ses pensées et voulait la distraire, il demanda:
– Un peu de vin chaud serait le bienvenue, qu'en dîtes-vous?
Blanche lui fit un sourire affectueux et se leva pour se rendre à la cuisine. Elle y trouva Marie assoupie au coin du feu, sa place favorite. Le bruit de l'orage ne semblait pas l'incommoder. Mais il n'y avait pas trace de Louison, la jeune servante qu'elle venait d'engager pour seconder Françoise et Marie. Résignée, dame Blanche fit le service elle-même. Elle soupira cependant:
– Cette petite est toujours par monts et par vaux mais aujourd'hui elle risque d'attraper mal.
Elle retourna dans la grande salle où le vin chaud fut bien accueilli par les deux hommes.
– Merci ma mie, c'est de cela que nous avons besoin.
Dame Blanche fit le service avant de reprendre sa place au coin du feu.
La pluie cessa de tomber au bout de plusieurs heures qui avaient semblé interminables à nombre de gens.
Bertrande la gardeuse de moutons se releva trempée de la tête aux pieds. Près d'elle son chien s"ébroua vigoureusement. Elle regarda autour d'elle avec surprise; les bêtes effrayées et trempées ne semblaient pas avoir souffert des éléments déchaînés. Au loin, quelques arbres déracinés et plus ou moins couchés étaient la seule trace, avec le sol gorgé d'eau, de la violence de l'orage. Déjà le soleil revenait. Le ciel bleu ne semblait garder aucun souvenir de l'orage.
Dans les maisons les plus pauvres; le toit avait le plus souvent laissé passer l'eau. Les habitants commençaient timidement à sortir pour constater l'ampleur des dégâts. Parfois la reconstruction de la masure s'imposait. Dans d'autres cas, il fallait envisager une nouvelle construction car le toit crevé état irréparable et les murs en torchis fragilisés.
A la Mellerie, Harold le jeune se leva et s'étira avant de remettre ses vêtements encore humides. Il déclara:
– Je vais pouvoir rentrer à Présent. Aliette risque de s'inquiéter.
Harold l'aîné dissimula un sourire tandis que Dame Blanche avait soudain un air malicieux vite effacé. Les deux époux échangèrent un regard amusé: Ils s'étaient compris. Aliette n'était pas du genre à s'inquiéter mais elle risquait plutôt de lui passer une mercuriale pour s'être attardé trop longtemps à l'extérieur. La jeune femme savait qu'avant de se marier Harold le jeune courait volontiers la gueuse et elle estimait devoir rester vigilante. De son côté, Harold n'y pensait même pas et aurait été très surpris de savoir que telle était la pensée de sa tendre moitié. Le caractère de cette dernière était de plus en plus affirmé, pour ne pas dire plus, ce qui aurait été désobligeant pour la douce Aliette. Harold filait doux devant elle. La jeune femme avait hérité de certains des traits de caractère de son père, dont en particulier ses célèbres colères. Et elle n'aurait pas toléré que Harold continue comme par le passé à courir après tout ce qui portait jupon. Elle ne plaisantait pas avec le batifolage, les femmes bafouées qu'elle recevait en audience au donjon, savaient pouvoir compter sur son soutien moral.
Les maris volages savaient qu'ils n'échapperaient pas à une mercuriale bien sentie et les récidivistes n'avaient aucune indulgence à attendre.
Harold prit donc congé des habitants de la Mellerie et se dirigea à bride abattue vers Moulins, capitale du petit pays de la Marche. Il avait commencé par presser son cheval, avant de ralentir son allure. Maintenant, il laissait flâner sa monture et regardait avec un peu d'étonnement autour de lui les dégâts provoqués par les éléments déchaînés. Sur le trajet pourtant très court, plusieurs arbres étaient déracinés, surtout parmi les plus gros. Certaines habitations lui paraissaient hors d'usage. Le chemin, très boueux à certains endroits, était parfois difficilement praticable. Il n'avançait plus qu'avec précautions.
Soudain, il arrêta brusquement sa monture.
Estomaqué, il vit qu'un pan entier du mur de la prison s'était effondré. A son approche, les gardiens regroupés à proximité et qui parlaient avec animation, se turent l'air embarrassé à son approche. Il les interpella:
– Que se passe-t-il?
– Un prisonnier s'est échappé, seigneur Harold.
– Comment l'avez-vous laissé filer? Où étiez-vous?
Les hommes s'entre-regardèrent et l'un d'eux répondit d'un air piteux:
– Au plus fort de l'orage, nous nous étions mis à l'abri...
Un autre approuva:
– La pluie tombait si fort...
– Où étiez-vous?
– Chez Dédé.
– Je vois...assez loin pour ne plus rien surveiller du tout!
Les hommes baissèrent la tête, dans l'attente d'un autre genre d'orage. Harold questionna:
– Quel est le nom du prisonnier qui s'est enfui?
– Louis, l'ancien fermier de la Mellerie. Il était d'ailleurs le seul occupant de la prison.
Le jeune homme ne dit rien de plus, mais il poussa un énorme soupir: Aliette allait être très mécontente de cette nouvelle. Quelques images se succédèrent dans sa tête: Son véritable père, Jehan, Joseph...comme si tout recommençait; lui qui aimait tant sa tranquillité! Il retint un gémissement et poussant brusquement sa monture, il laissa les gardiens inquiets commenter l'événement. Il voulait se dépêcher de se réfugier auprès de Dame Aliette qui saurait certainement ce qu'il convenait de faire.
Lorsque Harold le jeune arriva au pied du donjon, c'est tout juste s'il s'aperçut des dégâts causés par les éléments déchaînés. Dans la basse-cour, il y avait des arbres couchés et des débris de bois jonchaient le sol. Il se précipita dans la grande salle où se tenait la dame de toutes ses pensées. Il ne prêta aucune attention à ses reproches et lui coupa même la parole:
– Louis s'est échappé!
– Louis?
– Le principal complice de Rodolphe!
– Et c'est pour cela que tu ne t'es pas changé avant de venir me retrouver?
– Oui, je retourne à la Mellerie.
Sans attendre de réponse, le jeune homme redescendit aux écuries et reprit un autre cheval sous l'œil ahuri d'un palefrenier. Il n'avait pas habitué sa tendre moitié à un tel esprit de décision. Sans prendre le temps de le harnacher, Harold sauta sur le dos de l'animal qui poussa un hennissement de protestation. Sans tenir compte des états d'âme de sa monture, il lança le cheval au galop. Mais il avait oublié l'état du terrain qui le força à ralentir. Arrivé à la Mellerie, il fit irruption dans la grande salle où se tenaient Dame Blanche et son époux. Effaré, Harold l'ancien s'exclama:
– Tu as oublié quelque chose?
Harold le jeune se laissa tomber plus qu'il ne s'assit sur un siège et répliqua sans avoir l'air d'avoir entendu la question:
– Louis s'est échappé!
Comme le couple restait muet, le visiteur expliqua:
– Il a profité de l'écroulement d'un mur de sa cellule durant l'orage.
Harold l'ancien sursauta:
– Mais la garde?
– Ils s'étaient mis à l'abri chez Dédé.
– Jour de Dieu! Gronda le vieux seigneur avant d'ajouter en soupirant:
– Quand je disais que cet orage était un mauvais présage. Je vais faire fermer ce cabaret de malheur!
Au même moment, Aliette se faisait la même réflexion, encore estomaquée par l'esprit de décision de son époux.
Blanche ne répliqua pas mais poussa un gros soupir. Le vieux seigneur se secoua et déclara:
– Il faut immédiatement organiser une grande battue.
Sans attendre de réponse, il sortit et on entendit:
– François! François!
Et il donna des ordres au jeune homme qui se trouvait dans la cuisine. Blanche et son fils se regardèrent consternés. Le jeune homme murmura:
– Il a dû s'échapper pendant le plus fort de l'orage, lorsque l'arbre est tombé sur la prison, il doit déjà être loin...
Harold l'aîné revint à cet instant:
– On
