Les Cahiers de Science & Vie

UNE LONGUE MARCHE VERS L’ÉMANCIPATION

En Finlande, l’histoire se perd dans la brume des légendes. Depuis des générations, il se raconte ainsi comment, aux alentours de 1155, le roi suédois Éric IX et l’évêque anglais Henri organisèrent, avec la bénédiction du pape, une croisade afin de christianiser cet Österland (« le pays de l’Est »). Et comment l’homme d’Église, devenu premier évêque de Finlande, trouva brutalement la mort l’hiver suivant sur la glace du lac Köyliö, tué par un habitant du lieu. « Si la christianisation de la Finlande – comme de la Scandinavie un siècle auparavant – s’est effectivement faite avec des missionnaires essentiellement étrangers, aucune source écrite ne confirme l’existence du saint martyr Henri. Certains pensent même que ce personnage a été créé de toutes pièces », tempère Corinne Péneau, spécialiste de la Suède médiévale (Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne). Quoiqu’il en soit, d’autres expéditions, certaines qualifiées de croisades, suivront dans les années 1220 à 1240, bien réelles celles-ci, destinées à convertir la population finlandaise, mais aussi à intégrer de nouveaux territoires au Royaume de Suède. Car ce vaste espace essentiellement forestier, peu peuplé, et sans véritable organisation centralisée, regorge de ressources naturelles, de peaux et fourrures animales en particulier, dont le monde est alors très friand.

L’Österland n’est pas pour les siècle la Scandinavie à Constantinople, via le lac de Ladoga en Carélie. Toutefois, le délitement à l’est de la Rous de Kiev en une mosaïque de principautés orthodoxes plus ou moins indépendantes va compliquer leur progression. Lorsqu’ils atteignent la Carélie occidentale, en 1240, les Suédois sont ainsi stoppés nets à l’embouchure de la Neva par Alexandre Nevski, le prince de la République marchande de Novgorod, qui ne voit pas d’un bon œil leurs velléités expansionnistes. , insiste l’historien Maurice Carrez (Université de Strasbourg). Pas de quoi dissuader la Suède qui lance de nouvelles expéditions vers l’Est, les plus notables étant celles de 1249 puis de 1293. L’évêché d’Åbo (aujourd’hui Turku) est créé. La citadelle de Vyborg est édifiée, appelée à devenir un puissant avant-poste en Carélie. Les conflits récurrents entre les deux voisins se soldent en 1323 par le traité de Pähkinäsaari, établissant le partage des zones d’influence en Carélie. Traité qui n’empêche pas de nouvelles incursions de part et d’autre. , pointe Corinne Péneau. , renchérit l’historien.

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