ans l’écrin Art nouveau du quartier milanais du Quadrilatero del Silenzio, se dissimule un miracle chatoyant, un geste d’artiste, une incise, nette et spontanée. Un élan créatif qui prend forme au sein d’un projet d’habitation unique. Trois ans d’essais de couleurs y ont été nécessaires pour obtenir la bonne nuance de vert, flamboyant de lueurs dorées et cuivrées. Cette scénographie opalescente, c’est son œuvre : Emanuela Pisetti, collectionneuse et mécène célèbre, l’a dessinée à main levée. Les lampes kaléidoscopes de Gabriella Crespi affleurent poursuit la propriétaire des lieux. De la couleur aux reflets, tout ici semble prendre son autonomie et acquérir une existence individuelle sous la lumière ouatée des lampes années 1950 et 1960. Des appliques modernes ne seraient jamais parvenues à susciter pareille atmosphère. Œuvres d’après-guerre et objets design constituent le fil rouge de cette quête sensorielle. Chaque revêtement, peinture, morceau de cuir ou de satin entre en symbiose avec la surface qu’il effleure. Dans cette maison s’affirme le primat de l’expression et de l’esprit artistique de celle qui l’habite, une somme des sources européennes les plus mystérieuses, réunies avec un soin muséal, jetant d’étonnantes passerelles entre le design scandinave et le spatialisme italien, ou encore entre le dessin de l’architecte Carlo Scarpa et l’esthétique Op Art d’une commode de Giulio Rida. Voici l’œuvre d’une collectionneuse décidée à lutter contre l’inévitable éparpillement des formes et des matières. Avant même d’installer son chez-soi, Emanuela Pisetti a écumé les galeries parisiennes et les ventes de Christie’s et Piasa afin de rassembler des éditions rares de designers de premier plan. Nuage, La collectionneuse a souhaité l’installer nue dans l’un des salons gris, pour révéler ses qualités sculpturales. Dans chaque recoin de l’appartement, on remarque la patte de curatrice d’Emanuela Pisetti, qui réalise avec sa société Ella Art de nombreux projets en collaborations avec des artistes contemporains pour un public choisi d’entrepreneurs. Et de préciser : Plus qu’une simple mission de décoratrice, il s’agit d’un art de vivre. Les murs ont d’abord été peints en blanc pour qu’apparaissent toutes les possibilités de l’espace. La suite est, y compris pour l’intéressée, assez mystérieuse, elle qui a développé son esthétique grâce à un dialogue fécond entre les contraires, alignant d’audacieux contrastes chromatiques.
