Tout à son désir de pacifier les relations de la France avec le Rwanda, Emmanuel Macron se serait bien passé du couac provoqué à l’occasion de la commémoration du génocide de 1994. Son proverbial « en même temps » aura mécontenté (presque) tout le monde. À ceux qui lui reprochent de sacrifier à la repentance font écho les gardiens du temple mitterrandien qui crient au blasphème. Mais à ne scruter que les hésitations de sa déclaration, on néglige le bond qualitatif opéré par Emmanuel Macron passant du déni à la reconnaissance de la responsabilité de l’État.
Nicolas Sarkozy parla d’. Le rapport Duclert requis par l’actuel président a moins de pudeur de la France sous la direction de Mitterrand. En queue de comète de ce travail, le discours de Kigali de 2021, le premier d’un président français, entérinait cette rupture. Durant trente ans, les responsabilités françaises dans ce génocide furent camouflées par des instructions biaisées et des débats stériles ergotant sur la comptabilité morbide ou incriminant l’ombre américaine pour diluer l’implication élyséenne. Les errements mitterrandiens éclairent toutefois la mue anticolonialiste d’une gauche qui s’accommoda des exactions commises par les Hutus, en qui elle voyait des victimes, à l’encontre des Tutsis associés à l’oppresseur colonial. Cette faillite morale ne peut s’appréhender sans l’examen de ce substrat historique.