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Crues, incendies, cyclones… Comment anticiper le pire?

Le contraste est saisissant. D’un côté, des Pyrénées-Orientales assoiffées, subissant une sécheresse historique. Entre avril 2023 et mars 2024, le déficit cumulé de précipitations dans l’est du département, où réside la majorité de la population, a dépassé de 60 % les normales. De l’autre, des inondations successives. Depuis novembre 2023, plus de 230 communes du Pas-de-Calais et du Nord sont touchées par des pluies diluviennes. Des vagues de chaleur accompagnées de trombes d’eau: ce constat contre-intuitif a notamment été relevé le 22 avril dans un rapport publié conjointement par l’observatoire européen Copernicus et par l’Organisation météorologique mondiale. Si l’hiver météorologique 2023-2024 a été le « deuxième le plus chaud enregistré », il a été accompagné de précipitations en hausse de 7 %. Au point de faire de 2023 l’une « des quatre années les plus pluvieuses en Europe depuis 1950 ».

Face à ces événements d’ampleur et de récurrence quasi inédites, la question de l’adaptation au changement climatique se pose. Celle de la projection des sinistres à venir, aussi. Car les conséquences d’une crue, d’un épisode de sécheresse intense ou d’un cyclone ne sont pas circonscrites à l’instant T où ces événements se produisent: les dégâts coûtent – cher – et durent – longtemps. D’après l’association France assureurs, les catastrophes naturelles ont coûté 6,5 milliards d’euros aux assureurs français en 2023. Soit la troisième année la plus onéreuse, derrière 1999 (13,8 milliards d’euros) et 2022 (10 milliards d’euros). « Il faut prendre en compte les potentiels effets dominos: celui des coûts, les problèmes entourant la remise à niveau des infrastructures critiques, comme les réseaux électriques, sans compter les problèmes sociétaux, à l’instar des éventuels déplacements de populations », énumère Anne Johannet, coordinatrice du Centre de recherche et d’enseignement en environnement et en risques de l’IMT Mines Alès. Pour tenter de lever ces incertitudes, les analyses visant à cadrer l’impact du changement climatique d’ici à 2050 se sont multipliées. Plus rares sont celles qui portent sur le court terme – en l’occurrence, les six prochaines années.

L’Express s’est donc livré à cet exercice. Une quarantaine d’experts – chercheurs, météorologues, hauts fonctionnaires, ingénieurs, assureurs… – présentent dans ce dossier leurs analyses des principales menaces et tensions qui guettent la France d’ici à 2030. Ces six scénarios ne sont ni des prévisions, ni des prédictions. Leur trame a été élaborée à la fois en consultant des études de projection et des plans de protection des risques disponibles en source ouverte, et en sollicitant les gestionnaires des principaux réseaux d’eau et d’électricité du pays.

La majorité de ces hypothèses recoupent celles

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