Vous avez forcément déjà entendu parler de Bryan Johnson, cet entrepreneur de la tech obsédé par l’idée de la vie éternelle. Sinon, bref rappel : après avoir fait fortune dans le secteur du paiement en ligne, cet Américain se présente comme un « athlète du rajeunissement ». Quand il ne dort pas, il entretient et sculpte son corps. Quand il dort, il surveille de près toutes ses fonctions vitales, de la plus infime variation de son rythme cardiaque jusqu’à la vigueur de ses érections. Pour ce projet qu’il a baptisé « Blueprint », il a embauché une équipe de professionnels de la santé et débourse 2 millions de dollars par an.
Bryan Johnson n’a pas d’attaché de presse. Les médias font déjà leurs choux gras de sa quête de l’immortalité surfant sur la fascination de l’époque pour la tendance du « quantified self » (ou « l’automesure connectée » ). En mai 2023, l’hebdomadaire américain Bloomberg Businessweek révélait que Bryan Johnson avait recruté son propre fils de 17 ans pour devenir son « blood boy » et procéder à des échanges de plasma avec lui. En septembre, dans un article titré « L’homme qui pense pouvoir vivre éternellement », le Time expliquait que Johnson avait « confié son corps tout entier à un algorithme anti-âge ». Le jeune docteur Oliver Zolman, spécialiste en médecine régénérative et chargé de chapeauter le projet Blueprint, a eu les honneurs du mensuel économique Fortune ; le Daily Mail, lui, s’est livré à une dissection en règle du régime de Bryan Johnson limité à 1 977 calories/jour ; le New York Post s’est passionné pour le traitement qu’il applique à son membre viril. Un mot sur cette « thérapie de rajeunissement du pénis » : elle consiste à administrer des chocs à son sexe trois fois par semaine, dans le but de faire passer la durée de ses érections nocturnes de 2 heures et 12 minutes à 3 heures et 30 minutes. Chaque minute compte...
Sur son compte Instagram, suivi par plus de 650 000 personnes, il apparaît régulièrement torse nu ou moulé dans des T-shirts, le cheveu teint et impeccablement coupé, le tout accompagné de légendes grandiloquentes dans lesquelles il n’hésite pas à comparer sa mission à celle d’Ernest Shackleton, l’un des pionniers de l’exploration de l’Antarctique. Il n’y a pas si longtemps, il s’affichait sur son compte, entièrement nu, dans sa salle de sport personnelle, un poids en fonte en guise de feuille de vigne ; la légende disait : « La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, la haine me sert de carburant. »
