Parmi les grands héros français de la guerre de Cent Ans, le connétable de Richemont reste dans l’ombre de son prédécesseur Du Guesclin et de sa contemporaine Jeanne d’Arc. Il est pourtant d’origine incomparablement plus illustre: né en 1393, c’est le deuxième fils du duc Jean IV de Bretagne, mort en 1399, quand le garçon n’a que six ans. Pendant cinq ans, Arthur est placé sous la tutelle du duc de Bourgogne Philippe le Hardi, puis de son frère Jean de Berry, maître d’une puissante principauté centrée sur le Poitou. Pendant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (voir encadré), Jean devient l’un des chefs du premier parti et, mécaniquement, Arthur combat dans ses rangs, tout en conservant de nombreux amis dans l’autre camp – et même son frère, le duc de Bretagne Jean V. En 1410, le jeune Breton prend la tête d’un contingent de 6000 compatriotes et livre une longue guerre d’escarmouches autour de Paris, puis en Normandie, au service des Armagnacs. En récompense, il reçoit le fief de Parthenay, en Poitou, confisqué à un Bourguignon.
En 1415, la carrière prometteuse d’Arthur de Richemont subit un brutal coup d’arrêt quand il est capturé par les Anglais à la terrible bataille d’Azincourt. Blessé, il a perdu beaucoup de sang, mais les hérauts l’identifient à sa cotte d’armes décorée d’un sanglier et l’épargnent. Si, heureusement pour lui, la blessure est plus impressionnante