La question ne fait plus débat de savoir si l’hybride prendra la place du reflex. C’est d’ores et déjà le cas dans toutes les gammes de produits. Car s’il se vend encore une quantité non négligeable de reflex neufs, surtout en entrée de gamme, leur part dans le marché mondial de l’appareil à objectifs interchangeables ne cesse de baisser. D’après les chiffres communiqués par la CIPA (Camera & Imaging Products Association, l’organisme japonais qui réunit les principaux fabricants d’appareils photo), à la fin de l’année 2023, la part des ventes, en volume, des reflex n’atteindrait plus qu’à peine 15 % du marché mondial de l’appareil photo à objectifs interchangeables – qui représente quant à lui 82 % du marché mondial de l’appareil photo –, alors qu’elle restait d’environ 50 % en 2019 et de 65 % en 2017 (avec une proportion encore supérieure de 70 % pour le continent européen). Fin 2023, les ventes de reflex ne constituent plus que 8 % en valeur du marché mondial de l’appareil à objectifs interchangeables. Le succès actuel des systèmes hybrides s’explique évidemment par la disponibilité du matériel : en dehors de Ricoh, qui, sous sa marque Pentax, continue de produire des reflex, aucun modèle n’a fait son apparition depuis les Canon EOS-1D X Mark III et 850D et les Nikon D6 et D780, annoncés entre la fin 2019 et le début 2020, alors que depuis cette date, pas moins de 60 hybrides avec différents formats de capteurs ont été lancés. Si les utilisateurs se trouvent donc forcés de se tourner vers l’hybride, par adhésion ou par nécessité, l’évolution du marché n’est pas seulement le fruit d’une stratégie commerciale, mais bel et bien celui d’une évolution technologique. Pour comprendre comment ces appareils photo se sont imposés, revenons un peu dans le passé et analysons ce changement de paradigme.
Une promesse de compacité
Nous sommes le 5 août 2008 quand Olympus et Panasonic annoncent le développement conjoint d’une nouvelle catégorie d’appareils photo à objectifs interchangeables et d’une nouvelle monture d’objectif, tous deux baptisés “micro 4/3”. À cette époque, les deux marques commercialisent des reflex équipés d’un capteur 4/3 et dotés d’une monture elle aussi appelée “4/3”. Olympus vient de sortir les E-3, E-520 et E-420, a dans ses cartons un E-30 et possède une vaste gamme d’objectifs compatibles, tandis que Panasonic ne propose que deux modèles, les Lumix DMC-L1 et L10. Le reflex ne représente qu’environ 7 % du marché des appareils numériques, dominé par les compacts et les bridges, et le premier reflex pourvu d’un mode d’enregistrement vidéo, le Nikon D90, ne sera dévoilé que quelques jours plus tard. Les deux marques répondent ainsi à un besoin de fonctionnalités et de compacité exprimé par de nombreux utilisateurs. En supprimant le miroir qui permet aux reflex d’offrir une visée optique TTL (Through the Lens), la distance entre la monture d’objectif et le capteur – le tirage mécanique – passe de 38,85 mm en 4/3 à 19,25 mm en micro 4/3. Cela conduit à un rétrécissement et donc à un allègement des boîtiers. À titre de comparaison, le Panasonic Lumix DMC-L10, le dernier reflex de la marque, mesurait 135 × 96 × 78 mm pour
