Le fils du dernier roi d’Italie s’est éteint à Genève le 3 février. Retour sur une vie ponctuée de rebondissements et marquée par l’exil
L’héritier menait une vie de plaisir et de vitesse
Sa dynastie remonte à 1032 mais ce passé ne vaut plus rien. Alors il tente de s’adapter au monde moderne. Élève à l’École internationale de Genève, il se passionne pour les armes, des revolvers aux fusils de guerre. Interdit d’Italie, il se rend clandestinement à Turin à 18 ans et survole Naples en hélicoptère une décennie plus tard. À 23 ans, le prince déchu est aperçu à Saint-Tropez au bras de Dominique Claudel, petite-fille du célèbre dramaturge. Une roturière ! Mais c’est une autre qu’il épousera. Tout aussi dépourvue de sang bleu, Marina est championne de ski nautique. Certains royalistes ne lui pardonneront jamais cette mésalliance. Elle sera sa meilleure alliée. Jusqu’au bout.
Il répétait à l’envi : « Mon nom m’a naturellement servi. Mais ça ne suffit pas. Si vous êtes un imbécile, la porte se referme vite »
Par Stéphane Bern
La ville italienne de Turin retrouvera samedi son statut d’ancienne capitale royale. Escorté du gotha européen et de sa parentèle, Victor-Emmanuel de Savoie, prince de Naples et chef de la maison royale d’Italie, y rejoindra ses ancêtres dans la nécropole de la basilique de Superga. Sa vie fut mouvementée, il était né à une époque qui ne le fut pas moins. C’était le 12 février 1937, à Naples. Son père, prince de Piémont, est alors l’héritier du trône d’Italie, sur lequel est assis Victor-Emmanuel III, son grand-père, un roi qui a du mal à se démarquer de son tonitruant chef du gouvernement, le Duce, Benito Mussolini. Alors que l’Italie s’allie à l’Allemagne nazie qui vient d’envahir sa Belgique natale, sa mère, Marie-José, décrira même ce dernier comme « un tribun vulgaire, un bouffon poseur