Au cœur d’une forêt dense émergent quelques collines chauves, des affleurements rocheux appelés inselbergs. Là-haut, un groupe de chimpanzés est posté, silencieux, l’oreille tendue. Ils ne sont pas là pour admirer le paysage, non. Ils sont en reconnaissance, espionnant le territoire ennemi à l’affût du moindre mouvement. Cette scène, qui semble tout droit tirée d’une célèbre saga cinématographique, s’est déroulée dans l’une des dernières forêts primaires d’Afrique, au cœur du parc national de Taï, en Côte d’Ivoire, sous les yeux attentifs d’une équipe de chercheurs internationale. “C’est la première fois que cette stratégie, bien connue des militaires, est observée chez d’autres animaux que les humains”, souligne Sylvain Lemoine, primatologue à l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et coauteur de l’étude qui la décrit. À croire que les chimpanzés ont lu Sun Tzu, ce général chinois qui écrivait, il y a 2 600 ans, dans son fameux traité militaire L’Art de la guerre : “Occupez les endroits sur- élevés et ensoleillés avant l’ennemi (…). Alors vous aurez un avantage dans la bataille.”
Ces travaux apportent c rappelle Mark Briffa, de l’université de Plymouth, au Royaume-Uni.