LE CAHIER CRITIQUE • BANDE DESSINÉE
Une histoire émouvante racontée avec force, et parfois rage, dans un noir (charbonneux) et blanc qui accentue encore davantageune partie du pays cherche encore à s’affranchir de l’esclavage. Justement, Tiodora, femme d’origine africaine, est l’esclave d’un chanoine de São Paulo et elle écrit à son mari pour le supplier de venir la libérer de ce joug d’un autre âge. (traduisez: « la missive de Tiodora »), du Brésilien Marcelo D’Salete, utilise cette lettre comme fil conducteur d’une histoire qui explore la société de l’époque et les personnages qui la construisent (esclavagistes, abolitionnistes, paysans, gamins, adultes, bandits, habitants de la forêt). Récit (quasi) polyphonique qui réussit à ne jamais dévier de sa route. Marcelo D’Salete, auteur de et d’, semble avoir toujours à l’esprit la nécessité de mêler documentaire, histoire et fiction – à la fin de l’album, les lettres de Tiadora sont reproduites et l’on trouve aussi des photos et un texte retraçant le parcours de cette femme, replacé dans le contexte de l’époque. Mais l’auteur ne se résout pas non plus à se placer uniquement sur le plan didactique. Il œuvre naturellement en artiste pour explorer toutes les possibilités que lui offre la bande dessinée. Un coup de crayon puissant, un découpage net et très élaboré, des cases qui claquent comme un coup de machette.