É crivain et alcool? Il suffit d’associer ces deux mots sur son moteur de recherche préféré pour en mesurer le puissant compagnonnage. L’Internet vous livrera une avalanche de noms parmi les plus célèbres de la littérature mondiale. Par ordre d’apparition: Charles Baudelaire, Edgar Allan Poe, Stephen King, Paul Verlaine, Malcolm Lowry, William Faulkner, Jack Kerouac, Rabelais, Barbey d’Aurevilly, Patricia Highsmith, Raymond Carver, Truman Capote, Antoine Blondin, sans oublier notre Marguerite Duras nationale. D’autres encore: Arthur Rimbaud, Charles Bukowski, Ernest Hemingway, Jack London, Manuel Vilas, Samuel Beckett… Mais arrêtons-nous là, le flot des écrivains censés avoir pactisé de près ou de loin avec la bouteille – dive ou diabolique, c’est selon – a ceci de vertigineux qu’il ne paraît jamais se tarir. En dresser une liste exhaustive relèverait du tonneau des Danaïdes.
Corrigeons d’emblée l’idée reçue qui veut que Charles Baudelaire, dont le célèbre essai (1860) le fait figurer invariablement en tête de liste, fût un alcoolique notoire. Comme nombre de ses contemporains, le poète que lui infligeait la syphilis. Devenu accro, il lutta toute sa vie contre cette dépendance, échouant à se sevrer totalement avant que la maladie ne l’emporte en août 1867: se plaint-il à son ami Armand Fraisse. […] Affligé par cette addiction, Baudelaire se méfiait comme de la peste de l’alcool. Du vin, en particulier, boisson qui,