Selon l’ONU, les bombardements massifs sur la bande de Gaza ont provoqué « un carnage ». Redoutez-vous de graves conséquences à moyen et long terme sur la population civile ?
Oui, incontestablement. La situation humanitaire effroyable ne se termine pas une fois que les bombardements cessent. Avec un million et demi de personnes déplacées, sans accèsdans la bande de Gaza, ont des blessures graves comme des fractures et des brûlures au second et troisième degrés qui nécessitent des soins lourds sur le long terme, avec de la rééducation et de l’appareillage. Ils seront handicapés à vie. Beaucoup de celles et ceux qui ont été amputés ou opérés l’ont été dans des souffrances inimaginables, avec des sédations minimales, dans des structures qui manquent de l’essentiel comme des pansements et des antalgiques. Or, si l’on n’est pas opéré dans des conditions normales de prise en charge, cela risque de compromettre le processus de guérison dans l’avenir. 50 % des patients sont des enfants. Je pense notamment au cas d’un garçon de 13 ans qui a dû être amputé d’un pied, devant sa mère et ses sœurs, dans le couloir d’un hôpital. Sans compter les patients qui souffrent de maladies chroniques, telles que diabète et maladies cardiovasculaires. Neuf mille patients qui ont des cancers, dont des enfants suivis en services d’oncologie, n’ont plus accès à leur traitement soit à Gaza soit à Jérusalem-Est, puisqu’ils ne peuvent sortir de l’enclave.