Les écrivains acquièrent souvent une image, sans l’avoir forcément convoitée. Pierre Michon, 78 ans, occupe aujourd’hui dans l’imaginaire collectif la case du commandeur lointain, l’artiste de grand style, éloigné du monde, qui façonne des livres précieux dans une langue hors d’âge, classique en 2009 -, l’auteur des fameuses a repris cette année le chemin des librairies avec , volume mince - son format de prédilection - qui reprend et amplifie un texte de 1995, , avec une suite intitulée, logiquement, « La petite Beune ». Les Beune(s), la grande et la petite, sont d’humbles cours d’eau de la Dordogne, affluents de la Vézère. Jeune instituteur, le narrateur prend au début des années 1960 son premier poste à Castelnau, « », beaux noms qui, d’emblée, dessinent un univers romanesque, presque un territoire mythique. Le jour, il fait la classe dans une « »; la nuit, il couche à l’hôtel chez Hélène, mère nourricière qui le gave de « ». Il y a aussi dans le village un tabac, tenu par Yvonne: une femme mûre, séduisante, qui lui inspire un désir puissant, incontrôlable…
