Matin du 17 novembre, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Six chercheurs français, inconnus du grand public, s’avancent telles des rock stars sur une scène circulaire installée au beau milieu de la Station F, lors de la première édition de la conférence ai-Pulse. Ces scientifiques sont les nouveaux visages de Kyutai, un laboratoire de pointe en intelligence artificielle (IA). Au-delà de leurs impressionnants pedigrees, l’attente autour de cette structure s’explique par la somme colossale – près de 300 millions d’euros – allouée à ses recherches. Derrière cette débauche de moyens, l’alliance inattendue de deux patrons, et milliardaires, français: Xavier Niel (Iliad) et Rodolphe Saadé (CMA CGM), chacun participant à hauteur de 100 millions d’euros. Un montant auquel s’ajoute l’apport encore inconnu d’Eric Schmidt (ex-Google et Alphabet), intégré à un autre groupe de mécènes dont l’identité sera divulguée prochainement.
Qu’on ne s’y trompe pas: le père de la première box Internet française est le personnage central de l’histoire. En sus de ces 100 millions d’euros dans le labo, l’actionnaire majoritaire d’Iliad avait déjà annoncé, en septembre, vouloir investir une centaine d’autres millions dans plusieurs projets d’envergure autour de l’intelligence artificielle. Une enveloppe conséquente, sans équivalent en France et quasi inédite en Europe. Cette conférence européenne, censée se reproduire tous les ans, visait donc à marquer le coup