Le legs mono d’Eugene Ormandy (1899-1985) et de ses Philadelphiens pour Columbia (120 CD, cf. no 699) se refermait en janvier 1958. La stéréo fait son apparition un peu avant, en février 1957, avec les démonstratives Variations sur un thème de Purcell de Britten. Elles bornent chronologiquement le nouveau coffret qui nous mène jusqu’en février 1969 – le « 1958-1963 » affiché par l’éditeur est donc à relativiser, mais il laisse augurer une suite non moins passionnante.
Le « Stereo 360 Sound » invite à circuler entre les pupitres: écoutez, dans le triptyque romain de Respighi, I pini del Gianicolo ou La fontana di Villa Medici al tra monto, captés respectivement en mars 1958 et avril 1957! Cet effet de relief introduit un léger halo, mais le trait demeure ferme, l’élan souvent irrésistible de mordant (les cordes, les bois, voire les percussions) et la palette pleine de caractère.
Les équilibres et les plans sonores, la densité même de certains tutti ont de quoi impressionner: rutilante, la Suite no 2 du Bacchus et Ariane de Roussel (en mai 1960) est magistralement construite et détaillée. C’est que le chef et ses musiciens peaufinaient alors depuis deux décennies cette sonorité à la fois profonde, opulente et chaude, ce « Glorious Sound » dont se prévaut l’album Wagner.
Le passage à la stéréo de plusieurs pans du répertoire d’Ormandy vaut le détour: 1re et 2e de Sibelius, 2e de Rachmaninov, de Saint-Saëns toujours avec Power Biggs (et malgré l’acoustique et l’orgue assez mats de l’Academy of Music), de Berlioz, de Debussy, poèmes symphoniques de Dukas et Strauss, et de Tchaïkovski, d’Enesco…