LE CAHIER CRITIQUE • CLASSIQUES/ÉTUDES LITTÉRAIRES
Les amateurs de Nabokov ont de la chance, ils ont sans cesse du neuf à se mettre sous la dent. En 2010, c’était la traduction française de son roman en Pléiade. Sans parler des études savantes, du récent de Sabine Faye au recueil collectif Et voici que L’Herne consacre à l’auteur de un copieux qui, comme à l’accoutumée, mélange des études, des documents anciens et de nombreux inédits, lesquels font d’emblée de ce volume une mine pour les amateurs: extraits d’une pièce de jeunesse en vers et en russe, essais sur la littérature soviétique ou sur Cambridge, correspondances, notes préparatoires des romans, ainsi qu’une série de consignations de rêves entreprises à l’automne 1964, en vue d’une étude sur la prémonition… Les articles, eux, abordent Nabokov non seulement comme écrivain, mais comme exilé, comme passionné d’échecs, comme entomologiste chevronné et comme homme intime. Comme lecteur, aussi, avec ses jugements toujours tranchés sur les grands auteurs, dont Brice Matthieussent dresse un édifiant inventaire – Mann, Hemingway, Eliot et Sartre n’en sortent pas indemnes. Comme de juste, l’inoxydable fait l’objet d’un nombre respectable d’études, parmi lesquelles une analyse de Michel Ciment sur l’adaptation du roman par Kubrick, ainsi que la reprise d’un passionnant entretien avec Alain Robbe-Grillet pour en 1959. a beau cacher souvent le reste de l’œuvre, comment ne pas lui donner la place à part que la postérité lui a faite? On mesurera d’ailleurs l’impact de son succès sur la vie de l’écrivain et de sa femme en lisant le qu’a tenu Véra Nabokov à l’époque, pour documenter ce qu’elle nommera par la suite « l’ouragan », «