Jean-Louis Moncet : Le 21 novembre 2023, tu fêtes tes 80 ans. Nous avons travaillé ensemble suffisamment longtemps pour que je me permette de te tutoyer. Ton comportement, ton allure, tes analyses de la course et des grands prix font de toi encore aujourd’hui l’un des pilotes les plus appréciés des jeunes de 7 à 77 ans. Tu as remporté six victoires en F1 et tout a commencé chez Williams. Comment Frank Williams entre en contact avec toi en 1974 ?
Il m’a téléphoné. C’était après ma victoire à Salzbourg, ma première victoire en F2, je pilotais une March-BMW-Schnitzer. Après cet appel téléphonique, j’en parle avec Tico Martini car cette perspective de la F1 ne m’intéressait pas trop. Je savais que la voiture n’était pas une super auto. Qu’en pensait Tico? Eh bien, que je pouvais le faire. Donc, je réfléchis, mais Frank me rappelle et j’accepte d’aller en Angleterre pour des essais sur le circuit de Goodwood. J’y ai mis une condition: Arturo Merzario était présent, c’était son équipe, et je voulais qu’il tourne avant moi. Après quoi, je prendrais le volant de la voiture et, si mes temps ne se révélaient pas trop mauvais en comparaison de ceux d’Arturo, j’accepterais (ou je refuserais) de piloter en course. Je ne me rappelle plus des temps, mais ils n’étaient pas trop mauvais. Goodwood était un circuit très dangereux à l’époque, et mes chronos étaient même très corrects. Surtout avec les réglages de Merzario qui était un peu têtu sur ce plan-là… J’ai donc fait cinq grands