Depuis chez elle, avec ses quatre petits frères et soeurs, Naël entendait tout de la vie quotidienne de la bande de Gaza, de l’autre côté du mur. Ses klaxons, ses chants, ses entraînements militaires. « On savait qu’ils s’entraînaient pour nous tuer », nous raconte cette jeune Israélienne, qui n’a pas encore atteint la vingtaine, depuis Sderot, tout près de Gaza. Devant la caméra de son téléphone portable, elle doit reprendre son souffle pour ravaler ses sanglots. Jeudi dernier, Naël a eu un mauvais pressentiment, qu’elle s’est empressée de partager avec sa mère : « Tout est devenu bien trop silencieux, j’ai senti qu’il allait se passer quelque chose. »
Samedi 7 octobre, sur les coups de 6 h 30 du matin, ce silence se brise dans un fracas assourdissant. Des détonations « font sortir l’enfer de nulle part », soupire Naël. Des ULM survolent son habitation. Des hommes armés du Hamas débarquent de toutes les directions, à pied, en voiture, fouillent les maisons alentour et massacrent 17 personnes dans son quartier, dont au moins un enfant. La plupart de ses voisins n’avaient que des couteaux pour se défendre. Son père, lui, possède un pistolet : pas de quoi repousser des terroristes, mais suffisant pour rassurer la fratrie pendant les six heures interminables que dure l’assaut du Hamas, avant que les premiers militaires israéliens n’arrivent sur les lieux. « Il n’y avait tout simplement pas assez de soldats, pose Naël. Ils devaient se battre dans d’autres villages, en sousnombre. Je ne suis pas en colère contre notre armée, Israël fera ce qu’il faut pour résoudre