Depuis la dissolution du conseil scientifique, le 31 juillet 2022, la parole de Jean-François Delfraissy se fait plus rare. Il est retourné diriger le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), où l’immunologiste nous reçoit dans son bureau qui croule sous les dossiers, les études scientifiques et les livres. Parmi eux, Un médecin au front (Seuil), qu’il a corédigé avec le journaliste Denis Lafay, en librairie le 6 octobre. L’occasion de revenir sur son expérience, d’expliquer le complexe rapport entre la science et la politique et de défendre son bilan. Entretien.
Votre livre paraît dans un contexte de reprise épidémique du Covid-19. Cela vous inquiète-t-il ou sommes-nous passés dans « le monde d’après », où le Sars-CoV-2 est autant ignoré que la grippe?
Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore dans une phase endémique, puisqu’il reste des vagues épidémiques. Nous allons d’ailleurs bientôt entrer dans la 10 vague et comme il y a de nouveaux médicaments sur le marché, cela peut induire un certain nombre de nouvelles mutations [NDLR: la pilule anti-Covid de Merck est notamment accusée de faire émerger des mutations du virus, et donc d’aggraver l’épidémie]. Le virus actuel, très muté, présente trois caractéristiques: il échappe aux
