Il y a quarante ans, déjà, alors qu’il entrait en littérature par Jean-Philippe Toussaint glissait cette remarque surprenante et programmatique à propos des échecs: leur est Incarnée, dès ce premier roman, par un narrateur réfugié dans sa baignoire, cette paradoxale immobilité énergique se répercuterait bientôt dans toute son œuvre, peuplée de personnages empêchés ou retirés du monde: l’un toujours ; l’autre, délicieusement enfermé dans les toilettes d’une station-service ; un autre encore, coincé dans un fauteuil roulant ou rivé à son chevalet dans la reprise inlassable du même tableau Mais le goût des échecs, chez l’auteur de (terme désignant d’ailleurs une manière d’échapper au mat), va bien au-delà de cette tension de l’inertie et du mouvement, comme le prouve en cette rentrée la double parution d’ et de . À l’origine de ces deux projets, il y a le confinement – autre situation de paralysie plus ou moins dynamique. Dans la nuit relationnelle imposée par cette crise, Jean-Philippe Toussaint commence par renouer avec une vieille lune: celle de traduire la fameuse de Stefan Zweig. Mais la hantise du désœuvrement est telle que, à cette première tâche, il en ajoute bientôt deux autres: rédiger un essai sur la traduction et tenir un journal de bord de ces journées fantomatiques. Une ambition tricéphale dont restent donc deux livres: l’un, transposition moderne et teintée d’humour de l’intimidant Autrichien, ; l’autre, damier intime et aléatoire de soixante-quatre chapitres mêlant notes au jour le jour, souvenirs de jeunesse, méditations sur l’écriture et sur la traduction, .
JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT La diagonale du tout
Sep 28, 2023
3 minutes
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