Il semble connaître le bar-tabac de MarlyGomont aussi bien que les Carrefour de la banlieue lyonnaise. On l’imagine avoir testé quelques pas de danse country dans le Béarn et dévoré des kébabs dans l’Est. À force d’analyser la France en tous sens, Jérôme Fourquet réussit à nous en rendre familier chaque recoin. On attend donc avec impatience chacune de ses cartes postales. La dernière, cet automne, qui s’intitule poursuit, après et (coécrit avec Jean-Laurent Cassely et sacré livre de l’année 2022), son auscultation du pays en mettant l’accent cette fois sur comme l’indique le sous-titre. Un tableau à la fois impressionniste – parsemé de touches de roman de Nicolas Mathieu ou de paroles de chansons – et réaliste avec des courbes et diagrammes détonants. Ce gros livre – plus de 500 pages – est très accessible et pédagogique. La première partie est une description de la France dans l’esprit du (livre de 1913, cité également comme référence dans le dernier ouvrage de Julia Cagé et Thomas Piketty) d’André Siegrid, le pape de la sociologie électorale. Cartes et géographie mêlées aux sondages se révèlent décidément d’excellentes clés de lecture de notre société… surtout si on y ajoute un soupçon de spéléologie! Le sondeur gratte en effet les couches culturelles et idéologiques plus ou moins profondes des territoires: catholiques, pieds noirs, vermeil, etc. Il analyse d’abord les fiefs disparus: la Nièvre mitterrandienne, la banlieue rouge ou encore où et ont modifié profondément carte des kébabs et des clubs de danse country à l’appui de la démonstration. Plus tôt, pour éclairer l’évolution du vote dans la région du Mans, l’auteur convoque cette fois la fréquence du prénom Marie et l’évolution des votes selon la distance de la préfecture de la Sarthe.
