PORTRAIT
Jordan Roth a des pouvoirs magiques. Celui, par exemple, de faire ouvrir le bar de l’Hôtel National des Arts et Métiers à Paris, étrangement fermé à 18h45 en cette fin de semaine de la haute couture. Arrivé en retard à cause d’une circulation chaotique, je demande si, par hasard, un Américain n’est pas arrivé. Non, me rassure-t-on, en proposant de m’installer à la terrasse pour attendre, quand surgit une berline noire. La portière s’ouvre : Jordan Roth surgit, stupéfiant dans un top entièrement rebrodé de sequins dorés signé LaQuan Smith et un pantalon crème Saint Laurent. Ses chaussures à plateformes Bottega Veneta sont aussi claires que ses ongles manucurés.
Difficile de faire mieux dans le genre arrivée de star : à l’accueil de l’hôtel, le garçon en reste médusé, et, miracle, le bar finit par ouvrir ses portes pour accueillir l’une des plus étonnantes et des plus intéressantes personnalités de la mode d’aujourd’hui. Créateur ? Non. Influenceur ? Malgré ses 127 000 followers, pas vraiment. À l’heure de la célébrité digitale, aussi vaste que fragile, ce grand garçon mince aux longs cheveux gris et aux tenues spectaculaires, évoquant à la fois la fantaisie baroque d’un Klaus Nomi et l’allure d’un mousquetaire aristocrate, trace une