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Quand Sottsass rencontre Hoffmann

udacieux face à face : l’antiquaire parisien Romain Morandi met en parallèle Josef Hoffmann et Ettore Sottsass. Voilà qui est inattendu. A priori, tout sépare ces deux maîtres – même leurs coquettes moustaches sont taillées différemment. La rigueur transparaît chez l’Autrichien tandis que l’Italien, chantre de la couleur, est célébré pour sa fantaisie. Et le galeriste Et pourtant, ils auraient des points communs.  Vaste programme. Il faut également rappeler que le Milanais Ettore Sottsass est né à Innsbruck d’une mère autrichienne. Quant à Hoffmann, il a des liens avec l’Italie. Il y séjourna durant son année de fin d’études en 1896, et les maisons de la campagne romaine, toits plats et façades lisses, lui inspirèrent son esthétique « proto-cubique ». Pour souligner les analogies entre les créateurs, Romain Morandi a donc réuni une quarantaine de meubles et de rares objets, en collaboration avec Ivan Mietton, auteur d’une étude sur Sottsass. Dans le catalogue édité par la galerie à cette occasion – bel effort –, les confrontations visuelles sont éloquentes. Entre un guéridon en hêtre, conçu par le Viennois en 1908, et deux tables rondes en noyer dessinées par l’Italien en 1964, il y a un « air de famille » flagrant. Prenons comme exemple la banquette de Josef Hoffmann dite (), dont une succession de barreaux forme le dossier et piétement, et l’armoire, en contreplaqué stratifié d’Ettore Sottsass, décorée de rayures. Mêmes lignes verticales qui se répètent. Deux architectures radicales. Les designers partagent un vocabulaire géométrique. Leur mobilier se compose de carrés, de cercles, de cubes. Chacun joue des pleins et des vides. Sans oublier la petite boule ! Un leitmotiv dans l’œuvre de Josef Hoffmann, son unique concession à l’ornement. Les sphères minuscules ont souvent un rôle structurel, ainsi, sur le fauteuil (ou), elles servent à régler la hauteur du dossier à crémaillère. Or, voici que ce motif décoratif apparaît aussi sur certains meubles de Sottsass, notamment sur les poignées de tiroirs d’une commode. Un clin d’œil à son prédécesseur ? Une coïncidence ? Romain Morandi, intarissable, ne demande qu’à débattre de la question avec les amateurs.

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