J.-A. YERLÈS, M.-A. BOIDIN
Glénat, 64 p., 14,50 €
Dans la liste bien fournie des BD sur la Légion, peu réunissent rigueur historique, souffle romanesque et dessin aussi abouti. La plupart se cantonnent siècle, dans l’histoire de la colonisation de l’Algérie et enfin dans l’histoire militaire du Second Empire. Camille Laï, enfant des rues lyonnaises, fuit la police car il a tué un beau-père violent. À Marseille, il n’a d’autre choix que la Légion pour échapper au chef d’une bande d’écorcheurs qu’il a détroussé. Les auteurs, bien documentés, brossent un portrait haut en couleur des camarades de Camille. Délinquants, étrangers au passé trouble et aventuriers se retrouvent à Sidi Bel Abbès, au cœur de l’Algérie coloniale. En butte à la rapacité des administrateurs et de certains colons, ils découvrent les bordels sordides et la discipline de fer. Ils se révoltent aussi : car devenus soldats, ils font office de terrassiers, construisent des routes, assèchent des marais alors qu’ils rêvent de gloire. Enfin, les officiers, Danjou et sa main de bois en tête, insistent pour partir au Mexique malgré les ordres de Napoléon III. S’ajoutent à ce portrait réaliste de la Légion des histoires d’amour, des rixes, de la jalousie, des traîtrises, des embuscades dans le désert… On retrouve les qualités d’une aventure de Mac Orlan ou d’un bon film avec Jean Gabin soutenu par un dessin très expressif. Ce troisième volume est celui du départ pour le Mexique et de la difficile adaptation des Européens touché par le . Il se termine sur l’attaque de l’armée mexicaine à Camerone. Pris en tenaille, Danjou n’a pas d’autre choix que de replier ses 60 hommes dans les ruines de l’hacienda alors que 3 000 Mexicains les entourent…