Quand le photographe Olivier Touron débarque dans mon bureau à Geo pour me proposer un sujet sur la production de lignite dans la Ruhr, je dois dire que je ne suis pas emballée. L’Allemagne tournait alors le dos au nucléaire et exploitait massivement ce type de charbon qui est l’un des piliers de la production électrique dans le pays.
Malgré la promesse d’images d’impressionnantes machines d’excavation qui ressemblent à des Transformers et de paysages de fin du monde, le sujet me paraît étroit. Je le vois mal se dérouler dans un article de 14 ou 16 pages dans le magazine. Les situations visuelles sont limitées, et d’un point de vue journalistique, il me semble que le reportage proposé par Olivier Touron est économique avant d’être un sujet découverte comme nous le faisions à Geo.
Mais, selon Olivier, l’industrialisation florissante de l’Allemagne est dans l’actualité. Elle en est très fière, au point de faire visiter le patrimoine industriel en marche, comme on visite un musée. Dans toute l’Allemagne, de Volkswagen à Leica, des sites industriels de production organisent des visites groupées. Le sujet prend alors une tout autre tournure et se révèle sous un nouvel angle. Je demande à Olivier de retravailler son synopsis. Un bon sujet pour un magazine est d’abord un sujet qui répond à la ligne éditoriale du média en question. Il est primordial de la comprendre, car c’est en fonction d’elle que le photographe ou le journaliste doit orienter son synopsis et son pitch, préparer son sujet ainsi que l’editing des photos. La ligne éditoriale, c’est ce qui définit en quelque sorte l’identité du magazine et le distingue d’autres titres, qu’ils parlent de mêmes sujets ou non. Un magazine découverte et de voyage