Nous revenaient ces mots de Scott Fitzgerald, lors de la vision, émerveillée et émue, du nouveau film d’Alex Lutz: Une histoire d’amour, fulgurante, brûlante, heurtée, l’espace d’une nuit au rebondissement final dont on ne dira rien. Une histoire d’amour démarrant par une engueulade entre deux inconnus se bousculant dans une rame de métro bondée, suivie d’un bref et intense coït dans un photomaton. Le désir du sexe ayant joué sa partition, reste le plus important, les mots comme autant de notes gaies et graves d’une symphonie alternant allegro et adagio. Un film à la mélancolie enjouée (oui, c’est possible!) comme le souligne drôlement son auteur, puisque tout commence à l’envers. La nuit est le troisième personnage, protéiforme, de cette dérive des lieux(2), Alex Lutz s’est une nouvelle fois mis en scène, cette fois face à Karin Viard, portée jusqu’à l’incandescence par un rôle de femme à l’exigence de vérité absolue, une femme affrontant, comme si sa vie était en jeu (et peut-être l’est-elle?), la parole de l’homme face à elle, à la manière d’un brise-glace devant coûte que coûte se frayer un passage sur la banquise hostile. Derrière cette ultramoderne solitude à deux où n’entrent jamais le compromis, le mièvre, les faux-fuyants, le face-àface complice est la seule voie de passage vers une hypothétique mise à nu de l’autre, comme si approcher au plus près le mystère adverse induisait d’entrevoir fugacement une partie de l’énigme de la condition humaine.
Alex Lutz
Jun 29, 2023
4 minutes
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