Nous connaissons leur visage, leur morphologie, leurs pérégrinations, et touchons même parfois du doigt leur culture… Pourtant, nous ne savons presque rien de leur cerveau. Les rouages de l’organe roi des humains préhistoriques, le siège de leur pensée, échappe encore aux paléoanthropologues. Et avec lui, c’est la clé de leur développement et comportement qui nous manque – une terrible zone d’ombre anthropologique ! Mais rassurez-vous, ses jours sont comptés : depuis 2021, et jusqu’en 2025 au moins, l’équipe internationale du projet PaleoBrain s’attelle à défricher cette zone vierge de la recherche. Composée d’une vingtaine de chercheurs issus de disciplines différentes (paléoanthropologie, neurosciences, imagerie, etc.), celle-ci n’a qu’un objectif : ressusciter le cerveau des humains préhistoriques.
Si les connaissances pèchent, c’est d’abord parce que l’organe lui-même manque à l’appel : le cerveau ne se fossilise pas. Certes, les anthropologues arrivent à estimer son volume grâce à la boîte crânienne, mais en ce qui concerne son organisation – avec ses plis, replis et sillons délimitant différents lobes aux fonctions cognitives particulières –, là, ils avancent dans le noir… Ils ne peuvent se, décrit Emmanuel Gilissen, conservateur des collections de mammifères au Musée royal de l’Afrique Centrale à Tervuren (Belgique).