lle peint des portraits. Ceux de figures glanées dans la presse ou sur Internet, qu’elle qualifie elle-même de Elle s’invente une famille aux visages indistincts, mais aux gestes précis. Ils mangent, ils dansent, ils qui n’éclairent en rien la situation mais invitent le spectateur à inventer sa propre narration. Qu’est-ce qui, alors, intéresse Lynette Yiadom-Boakye? Face aux 70 œuvres présentées ici, la réponse est évidente: la peinture elle-même, sa matière, la ligne, le mouvement, la couleur… Si elle revendique l’influence de Manet ou de Degas, ne faut-il pas citer aussi les maîtres du portrait de l’école anglaise du XVIIIe siècle? Le doigt pointé du personnage de n’évoque-t-il pas celui du petit garçon immortalisé par sir Joshua Reynolds (1723-1792) dans ? Les poses nonchalantes et les regards tournés vers le spectateur ne rappellent-ils pas ceux des modèles de Thomas Gainsborough (1727-1788)? Elle adopte les codes et les adapte aux absents de l’Histoire de l’art occidental, les Noirs, relégués dans les tableaux académiques aux rôles d’esclaves ou de domestiques. Ce travail de réparation, d’autres l’ont amorcé, notamment Kehinde Wiley, qui a d’ailleurs fait le portrait de Lynette Yiadom-Boakye, à la manière de George Romney peignant Jacob Morland of Capplethwaite, en 1763! C’est donc en costume de chasse, fusil à la main, qu’elle intègre elle aussi la communauté noire désormais bien visible sur les cimaises des musées. Est-il enfin révolu le temps où l’écrivain Ralph Ellison faisait paraître (1953)?
Hommage aux invisibles
May 12, 2023
1 minute
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