La Campagne, pas si paisible
pour une vie tranquille, à la campagne. Dans un espace épuré, tons clairs-obscurs, sur une grande table de bois, Corinne découpe, enjouée, des carrés de papier fleuri quand Richard, son mari, rentre chez eux. Il est médecin. Son métier est de L’inquiétude pointe pourtant: il a ramené avec lui une jeune femme ramassée sur le bord de la route, elle dort…? Qui estelle? Sa maîtresse? Une droguée en manque? Aurait-il dû la laisser pour morte? Trop de questions laissées sans réponse. Le doute distille peu à peu son poison et sera le fil rouge d’une pièce qui oscille entre vaudeville, tragédie domestique et polar. Textes ciselés et violence contemporaine disséquée avec drôlerie: la marque du dramaturge britannique Martin Crimp, traduit par Philippe Djian. Il y a du Harold Pinter dans son travail d’orfèvre sur la langue et l’atmosphère qu’il installe, subtil mélange d’humour cruel et de tension née des faux-semblants. Les secrets ressurgis du passé viennent fissurer le vernis de l’apparente harmonie. Yannick Choirat (dont Emmanuel Noblet reprend le rôle en alternance), Manon Clavel, Isabelle Carré sont les interprètes de haut vol de ce triangle amoureux énigmatique orchestré par Sylvain Maurice. Lui, ambigu et troublant, la première impétueuse et la seconde impressionnante en virtuose d’une fausse fragilité.