Vanity Fair France

DIRTY DANCING

RENCONTRE

Soudain, la voix se met à tâtonner. Aurélie Dupont n’en avait jamais parlé jusqu’à présent, mais quelques semaines avant de quitter l’Opéra de Paris en juillet dernier, elle a reçu une menace de mort. Une lettre anonyme avec son portrait et un seul mot en majuscules : BANG, comme un coup de feu. Qui pouvait lui en vouloir ? Un danseur frustré ? Un illuminé ? Elle a porté plainte mais l’enquête n’a pas encore permis de retrouver l’auteur de la menace. « On se dit que ce n’est pas grave, tente-t-elle de relativiser. Puis on se demande ce qu’on a fait pour mériter ça. »

Rien, pour être précis. Il y a près d’un an, elle a seulement quitté son poste de directrice de la danse, après six ans et demi passés à chapeauter l’une des plus prestigieuses compagnies du monde. « C’est six mois de plus que Noureev », souligne la jeune retraitée. Elle parle d’un départ serein, affiche fièrement son bilan sans nier les difficultés : quelques polémiques, des grèves, une pandémie. Elle a aussi dû faire face à la défiance d’une partie de sa compagnie. Dans la presse, certaines sources bien placées l’ont décrite comme une directrice cassante, distante, voire carrément absente. Alors on a voulu comprendre. Le vertige du pouvoir l’a-t-il dévorée ? A-telle payé pour sa trop grande franchise ?

Aurélie Dupont donne rendez-vous dans un café chic situé sur les hauteurs de Montmartre. Première impression : elle correspond en tout point à l’idée qu’on se fait de la Parisienne.

« QUAND J’ÉTAIS PETITE, C’EST LA FROIDEUR DES ADULTES QUI M’A FAIT LE PLUS MAL. »
AURÉLIE DUPONT

Élégance folle, beauté irradiante, regard perçant. En ce moment, elle travaille sur un livre pour enfants, planche sur un documentaire, écrit son autobiographie. Les souvenirs remontent quand le téléphone sonne moins : petit rat à 10 ans, étoile à 25, elle a quitté l’Opéra avant de souffler cinquante bougies en janvier. Près de quatre décennies à l’ombre d’une maison tricentenaire pleine de secrets, sidérant microcosme où le raffinement se mêle aux haines recuites. Une « pétaudière » ingouvernable, nous glisse une source qui demande, comme la plupart de nos interlocuteurs, de rester anonyme. Directeur de la danse est un poste

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