A Oygarden, une petite commune formée d’un chapelet d’îles au charme sauvage, à l’ouest de la Norvège, une douce odeur de pin flotte dans le centre d’accueil flambant neuf du projet Northern Lights (« aurores boréales »). A l’intérieur du bâtiment, la lumière entre par de grandes baies vitrées, offrant une vue imprenable sur le fjord, les montagnes blanches qui sculptent l’horizon… et le ballet d’ouvriers en tenue fluo qui s’affairent au milieu d’un enchevêtrement de tuyaux. C’est ici, dans ce décor de carte postale, que se joue une bonne part de l’avenir énergétique de la mer du Nord. La construction du plus important site commercial de stockage de CO2 en Europe entre dans sa dernière ligne droite.
Emmitouflés dans leurs vestes de chantier, les responsables du projet ont le sourire: une étape clef vient de s’achever. Au terme de plusieurs heures d’une précautionneuse manoeuvre, leurs équipes ont réussi à installer un imposant réservoir de CO sur sa dalle en béton. Le premier d’une série de 12 silos, d’une capacité totale de 8 000 mètres cubes, qui permettront de recevoir le dioxyde de carbone capté auprès de trois entreprises fortement émettrices: Heidelberg Materials, le plus important fabricant de ciment d’Allemagne, Hafslund Oslo Celsio, l’incinérateur de déchets transitera ensuite par pipeline jusqu’en mer du Nord, où il sera enfoui de façon définitive à 2 600 mètres de profondeur sous le niveau de la mer.