SUR LE PAPIER, tout porterait à croire que s’attaquer à une nouvelle version du roman d’Alexandre Dumas près de 180 ans après sa publication a tout de la fausse bonne idée. Parce que tout a été dit et fait avec lui, via des adaptations en pagaille, pas forcément toutes très heureuses, mais qui ont marqué les esprits pour la plupart. Mais puisque, à titre d’exemple, la question se pose rarement – et semble en tout cas faire grincer moins de dents – quand la Grande-Bretagne farfouille à son tour dans ses classiques, il s’agissait aussi de laisser sa chance au, hum, produit.
Les défis que devait relever la réalisation de Martin Bourboulon étaient multiples, à commencer par celui de ne pas sonner par trop “suranné”. L’écueil est amplement évité, grâce à des choix qui s’avèrent judicieux toutrestant fidèle à la trame originelle, le millésime 2023 s’autorise ainsi quelques libertés par rapport à celle-ci, quitte à ce que certains personnages disparaissent dans l’opération de ravalement (le comte de Rochefort, M. Bonacieux), ou que vienne s’ajouter un élément dramatique ici ou là, telle cette scène d’un d’Artagnan sortant de terre où il avait été enterré – manifestement à la hâte –, après s’être retrouvé une première fois sur le chemin “comploteur” de Milady de Winter. On évitera de s’offusquer de ces coups de canif à l’œuvre d’un Dumas, qui n’avait pas davantage hésité à se jouer de vérités historiques ou d’arrangements avec la chronologie des faits pour les besoins de sa propre narration.