TALENT Lorient
elle n’a cessé de le faire. Native des Pyrénées-Atlantiques, Christine Morin vit et travaille à Nantes. Avant cela, elle a parcouru le monde et vécu en Afrique dont elle garde en elle l’extraordinaire palette de Rembrandt, de Vermeer, un paysage de Bonnard, une figurine précolombienne, les toiles de Matisse, Rouault, Miro l’émerveillent. La sincérité du travail de création la guide, faire ou défaire quoiqu’il en coûte. À l’atelier, cela commence par une déambulation, la lumière qui règne ce jour-là, tout est encore possible, il lui faut guetter l’imprévu puis enfin oser, piétiner en s’engageant pleinement dans le silence et la solitude, sans jamais tricher. Si elle aime la peinture à l’huile, membrane sensible, peau que l’on peut caresser, Christine Morin donne à ses dessins une seconde vie en brodant sur des tissus de récupération ou de vieux linges. Le fil, ce symbole du nœud, du lien, devient alors trait qu’elle tord en tous sens, qui l’oblige à la lenteur. Parfois, elle bâtit des installations de chêne, peuplier, châtaignier dorés à la feuille ou des suspensions de tarlatane, fils, miroirs. Pour la plasticienne, il s’agit de montrer l’envers du décor, la multiplicité des réalités, les deux sens de la mémoire, les instants enfouis, les absences oubliées, la pénombre. Rose ici vert là-bas, les titres dont elle baptise ses toiles disent la force et la délicatesse d’un parcours précaire, poétique, essentiel. Exposer, pour Christine Morin, est aussi humble qu’ambitieux. Et ce mélange d’audace et de doute nous la rend infiniment proche et émouvante.