Il arrive parfois qu'un beau livre naisse d'une grande déception. En 2019, Meryem Alaoui a quitté son Maroc natal pour vivre son rêve américain. Elle s'est installée avec son mari et ses enfants à New York, à Brooklyn plus précisément, l'un des quartiers les plus vastes de la ville, l'un des plus diversifiés aussi puisqu'il est à la fois le refuge des artistes les plus en vue et le berceau historique de certaines diasporas populaires comme les communautés polonaise, portoricaine ou encore, son premier roman. Au cœur des quartiers populaires de Casablanca qu'elle connaît par cœur pour y avoir vécu, elle racontait, avec une langue poétique et brutale, bourrée d'argot savoureux, la destinée de Jmiaa, une prostituée au fort caractère et à l'esprit vif qui se rêvait en star de cinéma. Une sublime entrée en littérature qui lui avait même valu d'être l'invitée surprise de la liste du Goncourt. Mais tout ne pouvait pas être aussi simple et il fallait bien qu'une ombre inattendue vienne soudainement noircir le tableau: se rappelle Meryem Alaoui. C'est un mal pour un bien. L'écrivaine est libérée d'un poids, comme s'il fallait couper le cordon avec son premier roman. Sweet Chaos.
