Une légère brise adoucit l’atmosphère de l’hiver saoudien et ses 30 °C en terrasse. Dans un restaurant chic de Riyad, l’acteur américain Edward Norton, smoking noir, disserte sur sa prochaine production sans détourner les yeux des plats locaux à base de riz, de mouton et de dromadaire qui défilent devant lui. A la table voisine, hommes et femmes sont mélangés ; eux en qamis saoudiens – ces longues robes d’un blanc éclatant –, elles avec un léger voile bleu foncé ou les cheveux nus. Seule la bière saoudienne, de la Moussy sans alcool, coule à flots. En fond sonore, la voix délicate de la chanteuse libanaise Fairuz accompagne la soirée.
Cette scène serait presque banale dans tous les pays du monde, y compris au Moyen-Orient. Mais dans le royaume saoudien, la soirée a tout d’une révolution. « J’ai atterri en Arabie saoudite pour la première fois en 2017, raconte un entrepreneur français qui multiplie les allers-retours avec Riyad. A l’époque, l’abaya noire [NDLR : le voile intégral] était obligatoire pour les femmes, il n’y avait ni cinéma ni musique, aucune mixité, évidemment. Aujourd’hui, on organise des festivals électro où les hommes et les femmes peuvent danser les uns contre les autres… Les changements sont vertigineux ! » Cette « nouvelle Arabie », plus