COUP DE CHAPEAU
Quelle est cette danse ? Ni du breakdance, ni du contemporain, ni du classique, ni du hip-hop. Plutôt tout ça à la fois. Mi-cygne mi-chien fou, Léo Walk, 28 ans, peine à qualifier sa « » artistique. Sobrement, il l’a baptisée « walkance ». Plus qu’un geste, un mouvement pour rassembler les « électrons libres de la danse ». Une première scène pour Thierry Mugler, trois ans de tournée avec Christine and the Queens, voilà comment ce natif de Champigny-sur-Marne s’est fait un (sur)nom. Léo Walk porte en réalité un interminable patronyme flamand (Handtschoewercker), forcément moins vendeur. Radar à tendances, il collabore avec les jeunes artistes en vogue comme Julien Granel, Laylow ou Chilla et prête sa belle gueule à la mode – Lacoste, J.M. Weston, Jimmy Choo. Aujourd’hui, une marque de streetwear et un collectif musical portent son surnom. Surtout, il a fondé sa propre compagnie, La Marche bleue, en 2018, « des âmes hybrides qui voulaient s’exprimer sans retenue », revendique celui qui se sent vite « bridé » dès qu’il n’est pas sur scène. La danse lui permet de « cracher ses émotions », à défaut de s’épancher par le verbe. Ses mots ressemblent à ceux des rappeurs au tendre qu’il côtoie. Entre deux anglicismes, il cite Pina Bausch : « Dansez, sinon nous sommes perdus. » Il y a trois ans, le danseur s’est mué en chorégraphe pour monter un spectacle sur le passage à l’âge adulte. Depuis, les personnages ont « gagné en maturité mais sont toujours de grands enfants », assure-t-il. Il remonte sur scène avec une nouvelle création,qui part en tournée à la fin mars. Avec cette pièce inspirée par le quotidien pendant les confinements, Léo Walk veut prendre le « parti pris du réconfort ». Impossible toutefois d’occulter ses tourments d’adulte : l’amour, le poids des choix, le temps qui passe. Lui et ses danseurs aiment performer en costume, « un intemporel qui rend la gestuelle hyper-belle, observe-t-il. J’aimerais que la pièce soit aussi hermétique au temps, tout en amenant une part de rêve. »