Une Charlotte Gainsbourg de 10 cm de haut, voilà ce qui apparaît sur notre écran de téléphone un lundi soir de janvier. C’est le matin à Los Angeles, où la comédienne-chanteuse prépare un nouvel album en studio, alors c’est via Zoom que nous conversons, interrompu·es parfois par le room service de son hôtel qui lui apporte jus de fruit, théière, petit-déj’ enfin. Mais même aux mini-dimensions qu’exige la visioconférence, tout ce qui fait d’elle « Charlotte Gainsbourg » dans l’imaginaire collectif nous saute aux yeux : le T-shirt blanc lâche, tout bête mais d’une élégance inouïe, dont elle remonte incessamment les manches, lesquelles retombent au bout de deux minutes ; la voix d’émotive, dont on ne sait si elle est au bord du fou rire ou du sanglot ; la frange éternelle qui la cache à demi, qu’elle défait puis réorganise à la va-vite à intervalles réguliers. L’image se fige parfois, connexion transatlantique oblige, mais même ainsi floue et lointaine (ou peut-être grâce à cela ?), il y a en elle une propension à se livrer sans langue de bois qui nous quasi désarme, qu’elle décortique ce qui la plonge dans d’infinies noirceurs, ce qui, elle la fille de Jane et Serge qui tourne et chante depuis son adolescence, fait chanceler son sentiment de légitimité, ou encore ce qui bon an, mal an la fait marrer. C’est d’ailleurs dans ce registre-là, celui de la rigolade, qu’on la verra bientôt sur grand écran, elle dont les cinéphiles ont plutôt en mémoire les rôles d’écorchées vives chez Lars von Trier : la
CHARLOTTE L’âge de grâce GAINSBOURG
Mar 02, 2023
9 minutes
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