Un visage hilare avec des larmes aux coins des yeux. Ce banal émoji est le signe de reconnaissance des plus jeunes pour qui ce petit visage jaune est devenu le comble du ringard et qui mourraient plutôt que de l’inclure à une conversation. De leur côté, les babyboomers, la génération X et la frange la plus âgée des millennials l’utilisent depuis des années en toute innocence. Et découvrent, furieux, que cet émoji clame qu’ils ne sont plus jeunes ni branchés. La pilule est dure à avaler pour les millennials qui ont façonné le Web qu’on connaît aujourd’hui, ont fait émerger Facebook, royaume sélect qu’au début on ne pouvait pénétrer que sur invitation d’un membre. Ils y ont posté leurs plus compromettantes photos de soirée et s’en sont servi pour envoyer des signaux romantiques, en basculant leur statut de « célibataire » à « en couple » ou de « en couple » à « c’est compliqué ».
Ils ont inondé le réseau de messages informant leurs amis (qui n’en demandaient pas tant) de leurs moindres faits et gestes : « En train d’écouter de la musique » ou « mange des Chocapic ». Et se sont servis de Facebook pour rendre leurs amis jaloux. « 2012 était une grande année pour moi. J’ai quitté un emploi merveilleux à NBC pour revenir à Chicago. J’ai commencé à sortir avec l’ange de ma vie. J’ai démarré le yoga […] j’ai écrit un album […] j’ai traîné avec Owen Wilson