En ces temps où les opinions s’expriment avec cette gravité jadis considérée par Montesquieu comme le bouclier des sots, François Ozon semble plus que jamais convaincu que la légèreté doit être prise très au sérieux. Si ses œuvres récentes sont consacrées à des sujets aussi désopilants que l’euthanasie (Tout s’est bien passé) ou la pédocriminalité dans l’Église (Grâce à Dieu), ce stakhanoviste inclassable poursuit son exploration des genres (au figuré comme, parfois, au sens propre) avec une manière bien à lui de ne jamais sombrer dans le pensum barbant façon « Dossiers de l’écran ». Sa filmographie : un cadavre exquis où les histoires se suivent, ne se ressemblent pas, mais dans le fond, semblent se compléter. Drames intimistes ou comédies chorales servent de cadre ultra-chiadé à une galerie de personnages complexes, luttant souvent pour leur émancipation, et dont les enjeux reflètent presque toujours ceux de la société. Il n’aura échappé à personne que ces protagonistes sont très majoritairement féminins.
« Quand j’étais jeune, les personnages de gays, c’était LA CAGE AUX FOLLES ou L’HOMME BLESSÉ. MOI, j’étais fan de FRANÇOIS OZON