Envoyé spécial
Kiev, Kharkiv, Kherson (Ukraine)
24 FÉVRIER 2022
Il faut défendre Kiev
Dès son premier jour, il était écrit que ce conflit ne ressemblerait à aucun autre. Il est 7 heures ce 24 février 2022 et voilà trois heures que Vladimir Poutine a déclenché son « opération spéciale » en Ukraine. Les forces russes attaquent sur trois fronts, au nord, au sud, à l’est. L’Est, c’est là où le colonel ukrainien Artem Ilyoukhyn et son 4e bataillon de réaction rapide de la garde nationale, un bataillon d’élite, ont été déployés. « Nous avions été envoyés quelques jours plus tôt à Sievierodonetsk pour des manœuvres », détaille l’officier de 36 ans qui, avec ses joues rebondies et ses yeux bleu piscine, en paraît dix de moins. Son commandement lui ordonne de foncer encore plus à l’est, vers la région de Louhansk, pour bloquer l’avancée russe à Schastia. La bataille sera féroce.
Pourtant, c’est à Kiev que Poutine veut frapper fort et lancer son blitzkrieg. Avec un premier objectif : s’emparer de l’aéroport de fret de Hostomel, situé à 25 kilomètres à l’ouest de la capitale, pour créer un pont aérien et y débarquer les troupes qui marcheront sur le palais présidentiel. Hostomel, c’est justement là qu’en temps normal est stationné le 4e bataillon. Les meilleures troupes sont donc à l’est et, dans la base attenante à l’aérodrome, ne restent que 120 soldats de métier, plus habitués aux bureaux qu’au front : des comptables, des logisticiens, des médecins militaires, des pompiers… Et aussi Starsky, l’officier de presse, crâne luisant, visage taillé à la serpe. Pour les épauler, ils ne peuvent compter que sur des conscrits qui n’ont jamais connu l’épreuve du feu.
Au petit matin, un premier Abrité sous un hangar, un Antonov An-225, le plus gros avion du monde, qui fait la fierté de l’Ukraine, n’y survit pas.