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LA PHARMACIE DES ANIMAUX

Dans le Parc national de Kibale, en Ouganda, une femelle chimpanzé souffre au milieu de ses congénères. Depuis plusieurs jours, son ventre lui fait mal. Elle se rend jusqu’à un arbre et arrache un peu de son écorce. Le goût, extrêmement amer, est atroce. Mais c’est un mal nécessaire. Les chercheurs qui la suivent identifient l’arbre : un albizia, dont l’écorce est utilisée par la population locale pour traiter les ballonnements et maux de ventre. D’ici quelques jours, la femelle chimpanzé sera débarrassée des parasites qui infestent son système digestif.

Ce n’est pas la première fois que l’on voit des animaux se soigner avec des éléments issus de leur environnement, souvent des plantes. On recense aujourd’hui 71 espèces capables d’#automédication#. Ce sont pour la plupart des mammifères, dont 46 espèces de primates, mais on trouve également des oiseaux, et même des insectes !

Médecine naturelle

L’étude de cette médecine naturelle des animaux porte un nom : la zoopharmacognosie. Un mot moins compliqué qu’il n’y paraît si l’on décortique ses racines grecques : zoo (, animal), pharmaco (, médicament) et gnosie (, connaissance). Et le premier à avoir publié des études sur ce sujet est un primatologue japonais, Toshisada Nishida, dans les années 1980. Depuis, les recherches et les articles se sont multipliés. Pourtant, prouver que l’on a affaire à un cas d’automédication animale n’est pas évident. Comment faire la différence entre un animal qui cherche une plante précise pour se soigner, et celui qui, parce qu’il a boulotté par hasard le bon végétal, guérira par coup de chance ? Afin d’écarter les doutes, les chercheurs ont défini plusieurs critères. Tout d’abord, il faut que la plante ait une activité médicinale démontrée en laboratoire, et/ou qu’elle soit utilisée en médecine traditionnelle en lien avec les troubles de santé observés. Il faut aussi que la plante ne figure pas au menu habituel de l’animal. S’il en consomme tous les jours, ce n’est pas de l’automédication. Ensuite, la plante médicinale doit avoir moins de valeur nutritive que les autres végétaux disponibles dans l’environnement. Cela permet d’exclure l’hypothèse que l’animal la recherche pour l’énergie qu’elle lui apporte. En outre, lorsqu’il s’agit d’une plante dont on soupçonne des vertus antiparasitaires, sa consommation doit coïncider avec le moment où il y a le plus de parasites dans les environs. Autre critère : dans le groupe, seuls les individus présentant les symptômes de la maladie soignée par la plante doivent chercher à la consommer. Enfin, pour exclure l’hypothèse d’un animal qui, ayant goûté cette plante par hasard, continuerait à la consommer juste parce qu’il la trouve savoureuse : il faut que l’individu, une fois guéri, cesse de la consommer.

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