David Fiasson
Perrin, coll. Champs de bataille, 314 p., 25 €
Deuxième livre de la collection « Champs de bataille » qu’inaugura le remarquable de Jean Lopez, ce , dû à David Fiasson, se révèle en tout point excellent. Souhaitant « rendre intelligible » la première des grandes défaites françaises de la guerre de Cent Ans, il en trace un récit limpide, vivant, nourri au plus près des sources. On croit Crécy bien connue; David Fiasson dissipe nombre d’illusions et corrige plusieurs jugements d’une historiographie souvent contradictoire. Posant clairement les problèmes, proposant ses propres solutions avec concision et nuances, il renouvelle ce que l’on croit savoir des vraies raisons du désastre. De convaincantes analyses portent sur la campagne normande de 1346, le « brouillard de la guerre », l’efficacité réelle du « », le contraste entre les idéaux chevaleresques et la brutalité du terrain. L’attitude de Philippe VI en sort en partie réhabilitée. La divergence des récits des chroniqueurs se comprend mieux dès lors qu’on les considère comme les points de vue de témoins qui n’ont pas observé la bataille sous le même angle. L’analyse des changements tactiques et stratégiques qui suivirent la bataille est éclairante. Sans empêcher de nouveaux désastres comme à Poitiers en 1356, ils prouvent que la monarchie et la noblesse surent s’adapter: on ne vit plus jamais de charges de cavalerie lourde lancées à répétition contre les redoutables archers gallois. Une bataille à redécouvrir; un livre de qualité.